Éthiopie Ethiopian Airlines: 100 destinations, 95 avions, 70ans sans turbulence! Posté il y a 9 novembre 2017 11 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Fondé il y a 70 ans, Ethiopian Airlines s’est taillé une place enviable dans le ciel africain. Explosion de ses bénéfices, doublement de sa flotte et investissements chez ses concurrents : en cette année 2017, la compagnie éthiopienne n’a toujours de concurrentes qu’elle-même. Le 787-9 est désormais en Afrique. Boeing a annoncé, le 27 octobre, la première livraison de son appareil long-courrier à une compagnie africaine, en l’occurrence Ethiopian Airlines. L’opérateur national éthiopien continue ainsi son histoire avec le Dreamliner. Dès 2012, il avait déjà été le premier à exploiter le 787-8 sur le continent. Depuis, 18 autres exemplaires sont entrés en service. Ethiopian Airlines n’a pas encore détaillé la configuration du nouvel appareil, ni sur quelles routes il sera déployé ; le 787-9 devrait se poser à partir de début décembre une fois par semaine à Toronto-Pearson selon Airlineroute, la ligne passant de trois à cinq vols par semaine (toujours avec escale à Dublin à l’aller). Ces Dreamliner « offrent un confort à bord supérieur et inégalé grâce à leurs caractéristiques uniques, telles que les plus grandes fenêtres du ciel, un plafond élevé, moins de bruit, un éclairage distinctif, une humidité de l’air élevée et 20% de consommation en carburant en moins », souligne Ethiopian Airlines dans un communiqué. Les investissements de la compagnie dans les avions de dernière génération tels que le 787 et l’Airbus A350, qui font de cette compagnie l’une des rares au monde à exploiter simultanément ces deux avions, font partie intégrante de la stratégie Vision 2025 d’Ethiopian Airline. Selon Tewolde Gebremariam, le PDG de la compagnie, Ethiopian Airlines continuera d’investir dans des avions de dernière technologie « afin de proposer aux clients la meilleure expérience de voyage possible ». Leader dans les airs La situation géographique, climatique et géologique de l’Ethiopie l’a longtemps tenue à l’écart des grands courants de communications. Conscient de cet état de choses, dès son retour à Addis-Abéba en 1942, l’empereur Haïlé Sélassié se mit à étudier tous les moyens qui pourraient briser cet isolement, et il décida de créer un réseau aérien, condition indispensable pour élever son pays au rang de grande nation moderne. Depuis son premier vol commercial, le 8 avril 1946, entre Addis-Abeba et Le Caire, Ethiopian Airlines collectionne des succès. Cette compagnie a mis moins de dix ans à distancer la concurrence en reliant le continent au reste du monde. Accessoirement, Addis Abeba bénéficie aussi de quelques avantages géographiques et diplomatiques : la capitale éthiopienne accueille le siège de l’Union africaine et une concentration de représentations onusiennes non négligeable. La capitale éthiopienne est un lieu de passage régulier pour les diplomates. La ville est surtout bien située au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, ce qui lui permet de peu à peu damer le pion à son voisin kényan et sa compagnie Kenya Airways. En effet, cette compagnie possède l’une des écoles de pilotages les plus performantes en Afrique. Inauguré en 1964, le centre de formation d’Ethiopian compte actuellement environ 1 500 étudiants, de 49 nationalités différentes. Cette école de pilotage est la seule sur le continent disposant du simulateur de vol pour Boeing 787 Dreamliner. « Ethiopian Airlines a été la compagnie la plus protégée du continent par son gouvernement », assure un expert aérien. Dans un ciel longtemps fermé à la concurrence et grâce à la manne que représentent les expatriés de l’Union africaine, l’opérateur a bénéficié des meilleures conditions pour décoller, avant d’ouvrir un peu son marché pour mieux s’installer sur celui des autres. Parmi les facteurs de son succès, une bonne gestion de son image. Ethiopian Airlines a recruté, en fin 2015, une trentaine de jeunes Chinois pour étoffer l’équipage de ses 28 vols hebdomadaires vers la Chine, sur lesquels « 80 % des passagers ne parlent que le mandarin ». L’opérateur a aussi réussi un joli coup médiatique en faisant voler en novembre, entre Addis-Abeba et Bangkok, un avion dans lequel l’équipage était exclusivement féminin. Sans turbulence Sur un continent où la majorité des compagnies aériennes peine à atteindre l’équilibre financier, Ethiopian Airlines fait figure d’exception. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), le groupe a ainsi réalisé, lors de son dernier exercice, un profit bien plus élevé que ceux de toutes ses concurrentes africaines réunies. Mieux, la compagnie a déjà atteint la majorité des objectifs de son plan 2010-2025. « Alors que la croissance dans cette industrie est très faible, moins de 5 % en moyenne, Ethiopian Airlines progresse de 20 % à 25 % par an, que ce soit en revenus ou en nombre d’avions », se félicite Tewolde Gebremariam, son PDG. D’après les dernières données communiquées par ce dernier, le chiffre d’affaires de la compagnie a connu en 2016 une hausse de 10,3% pour s’établir à 2,43 milliards de dollars américains. Le trafic passager a lui grimpé de 18%, atteignant 7,6 millions de personnes sur l’année. En janvier dernier, la compagnie a par ailleurs été classée au 11e rang mondial en matière de ponctualité des vols, d’après FlightStats, ce qui en fait la première compagnie aérienne basée en Afrique et au Moyen-Orient. La compagnie a enregistré +70% de bénéfices nets sur l’exercice 2015-2016… Une progression qui fait aujourd’hui rêver beaucoup de compagnies aériennes. Le plan de développement de l’entreprise « Vision 2025 » prévoit de porter la flotte nationale de 77 appareils à 150, et de passer le nombre d’étudiants pilotes, techniciens et hôtesses de l’air qui fréquentent son académie à 4 000 ainsi que d’atteindre en une décennie un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de dollars. Soutenu à hauteur de 159 millions de dollars par la Banque africaine de développement, le plan d’Ethiopian lui permet de multiplier les investissements et les prises de participations dans des compagnies aériennes. Elle détient par exemple 49% d’Air Malawi et 40% de Asky. Ethiopian Airlines dessert actuellement plus de 100 destinations internationales sur les cinq continents, avec une flotte de 95 avions. Unique en Afrique.