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Kenya : la ruée des investisseurs vers les ‘techlabs’ non métropolitaines

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Pendant des années, Nairobi a été le berceau de l’innovation technologique au Kenya, et le centre de l’écosystème des startups florissantes du pays, connu sous le nom de Silicon Savannah. Mais depuis peu, d’autres « techlab » loin de Nairobi émergent.

La plupart des espaces d’innovation, des centres d’incubation, des accélérateurs et des laboratoires de fabrication au Kenya sont concentrés dans la capitale Nairobi, une des grandes villes africaines attrayantes pour les investisseurs.

Mais au cours des dernières années, des centres technologiques ont vu le jour dans d’autres villes du pays, notamment Mombasa (SwahiliBox), Kisumu (LakeHub), Eldoret (Dlab Hub), Voi (Sote Hub), Machakos (Ubunifu) et Nyeri (Mt. Kenya Hub et DeHub). Certains de ces centres fonctionnent de manière indépendante, tandis que d’autres évoluent dans le cadre d’institutions universitaires. Mais tous soutiennent des entrepreneurs travaillant à l’intersection des secteurs technologique, créatif et culturel.

En effet, la décentralisation de l’industrie technologique kenyane est une preuve que le marché de Nairobi est saturé. En réalité, malgré les avantages commerciaux et logistiques de la capitale, c’est toujours une ville très chère où vivre et opérer pour de jeunes entrepreneurs n’est pas aisé.

Marché attrayant

L’omniprésence de la connectivité et la qualité du réseau à travers le pays attirent un grand nombre d’investisseurs : la pénétration du mobile parmi les 45 millions de populations du Kenya s’élève à plus de 90 % et le pays possède l’une des vitesses d’Internet mobile les plus rapides au monde. L’introduction d’un système de gouvernance plus décentralisé en 2010 a également permis de se tourner vers la technologie pour construire des économies locales. Ce sont quelques-uns des facteurs qui ont poussé Ahmed Maawy à lancer SwahiliBox à Mombasa il y a quatre ans. En tant que programmeur et développeur de produits prospère basé à Nairobi, Maawy a toujours voulu établir un espace où les jeunes entrepreneurs et les innovateurs pourraient se rencontrer et échanger des idées dans sa ville natale.

Selon lui, malgré la technologie permettant la communication et la collaboration à distance, un espace physique permet la création d’une communauté dédiée à la construction de systèmes plus complexes et de solutions locales qui profitent aux communautés locales.

Défis

Sylvia Musalagani, chargée de projet à l’organisation hollandaise de développement Hivos, qui a travaillé avec des hubs comme SwahiliBox et LakeHub, affirme que les centres technologiques à l’extérieur de Nairobi sont toujours confrontés à des défis qui entravent leur croissance. Il s’agit notamment de la qualité moins bonne de la qualité d’Internet, du manque d’inscription officielle, de l’absence d’expertise commerciale et de la capacité de gérer les finances ou de commercialiser leurs propres produits et innovations. A cela, s’ajoute l’étroitesse des différents marchés.

Pour celle-ci, beaucoup d’entre eux n’ont pas la capacité de gérer ces organisations, et par conséquent, luttent avec la durabilité. Pour cette raison, note Musalagani, les centres de technologie à l’extérieur de Nairobi ont besoin de plus de financement que leurs homologues à Nairobi.

Un cofondateur de LakeHub, James Odede, estime quant à lui que les organisations qui financent les hubs sont réticentes à fournir un soutien dans des villes où le modèle n’a pas encore été prouvé, et où une communauté visible de technophilies n’existe pas. Quand ils ont initialement demandé des fonds, Odede rappelle qu’ils ont dû « faire beaucoup d’efforts pour trouver » comment convaincre les bailleurs de fonds qu’il y avait un besoin d’espace. Aujourd’hui, LakeHub compte  2 000 membres inscrits.

Pour surmonter ce défi, Sylvia Musalagani pense qu’il doit y avoir un effort concerté entre le gouvernement, le secteur privé et les investisseurs étrangers pour s’assurer que ces centres reçoivent un soutien adéquat. Cela inclut le fait de leur faciliter l’accès aux finances et de mettre en place des structures bancaires alternatives qui pourraient aider à soutenir leurs modèles d’affaires.

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