Education Nigeria Nigeria: rencontre avec l’enseignante des mathématiques en Igbo Posté il y a 23 janvier 2018 6 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Au Nigeria, une enseignante a décidé de devancer le gouvernement pour enseigner les maths dans sa langue maternelle. En juin 2017, le ministre nigérian des Sciences et de la Technologie, M. Ogbonnaya Onu, avait indiqué que des projets étaient en cours pour enseigner les matières scientifiques, technologiques, techniques et mathématiques (STEM) dans les langues maternelles, compte tenu du faible niveau d’adoption des carrières techniques au Nigeria. Si l’idée parait encore difficile, c’est bien parce que les parties prenantes ont regretté que le manque d’enseignants de sciences capables de parler leurs langues maternelles et la diversité des origines ethniques des étudiants soient des obstacles. Mais avant même que le gouvernement ne fasse cette annonce, une enseignante de mathématiques à Port Harcourt, dans l’État de Rivers, avait déjà adopté la langue locale pour son enseignement. Cynthia Onwuchuruba Bryte-Chinule enseigne à ses élèves les mathématiques en pidgin nigérian et Igbo depuis un moment. L’obstacle anglais Dans une interview accordée à un média local, l’enseignante affirme avoir a été inspirée par ses étudiants dans la prison de Port Harcourt et quelques 40 autres enfants qu’elle enseigne gratuitement. « La plupart d’entre eux sont des décrocheurs scolaires qui ne comprennent pas la langue anglaise… Je pensais que cette langue ne devrait pas être un obstacle à l’apprentissage des mathématiques. J’ai donc essayé une méthode différente. Je leur ai donné les questions de maths dans le pidgin nigérian et les concepts avec lesquels ils pouvaient s’identifier », a-t-elle expliqué. Pour elle, il est une évidence que l’enseignement en anglais était une perte de temps. « La plupart ne savent pas ce que signifie “’addition”’, alors vous devez leur dire “’joignez-vous ensemble”’ », dit-elle. Ainsi, pour faire en sorte que les matières STEM soient largement acceptées et comprises au Nigéria, il faut utiliser des supports linguistiques faciles à comprendre pour les étudiants. Les chiffres comme au quotidien Cynthia est diplômée en mathématiques de l’Université Nnamdi Azikiwe de l’État d’Anambra. Elle est la fondatrice de PEEL Initiative, une organisation à but non lucratif qui œuvre pour l’amélioration de l’éducation en Afrique en particulier les mathématiques. Son organisation veut aussi avoir un impact sur la vie des enfants défavorisés par l’éducation. Et c’est dans cette perspective que se logent la plupart des actions de la Nigériane. Par ailleurs, l’enseignante dirige le programme Maths Afrique qui relie les tuteurs aux étudiants à un prix qui aide à financer son initiative. Elle a reconnu sa difficulté à obtenir des fonds auprès des donateurs pour soutenir les programmes, mais elle a exprimé sa détermination à faire avancer les choses, peu importe les circonstances. Mais dans son parcours, Cynthia est confrontée à un obstacle redouté par les autorités nigérianes dans leur politique d’intégration des langues maternelles dans l’enseignement des matières scientifiques : la diversité des origines ethniques. Mais pour tenter de pallier cette difficulté, Cynthia a fait de courts tutoriels vidéo sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et YouTube en Igbo et pidgin nigérian… Résultat, satisfaisant. « Je vois beaucoup d’intérêts suscités et c’est la seule essence de l’exercice ; montrer aux gens que les maths ne sont pas si difficiles. J’ai fait des versions de vidéos et de didacticiels Igbo et Pidgin sur les mathématiques, mais j’ai découvert que ceux en langue Igbo étaient plus largement acceptés ». Toutefois, Cynthia est convaincue que le chemin est encore long pour son initiative, dans le pays le plus peuplé d’Afrique.