Culture Togo À la rencontre de Renaud Dossavi, ce littéraire togolais [24 ans] qui rêve les États-Unis d’Afrique Posté il y a 22 juin 2018 9 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Lauréat du premier prix du concours de la Banque africaine pour le développement (BAD) « l’Afrique de mes rêves », Ayi Renaud Dossavi, jeune de 24 ans, est avant tout un panafricain afroptimiste, qui trouve demeure dans un afrofuturisme comme au Wakanda, et peut-être inspiré du « I have a dream » de Martin Luther King. S’il est un admirateur de la réalisation du studio américain Marvel, Black Panther, le jeune écrivain togolais a peut-être mieux fait en matière de projection pour le continent afin de décrocher le meilleur prix du concours de la BAD. Être lauréat d’une compétition d’une grande institution africaine aussi symbolique comme la BAD sur plus de 2000 candidatures est d’abord un grand succès aux yeux du Togolais, mais celui-ci est beaucoup plus enchanté par le fait d’avoir été récompensé pour un sujet qui, plus que de le passionner, le hante : le développement de l’Afrique. Dans la production avec laquelle Renaud Dossavi est lauréat, il expose une Afrique qui fait effectivement rêver. ‘Cette Afrique-là’… Nous sommes en 2058, sur l’île de Gorée, au Sénégal, à l’ouest dans les États-Unis d’Afrique. Cet État-continent avait trouvé il y a quelques années en arrière, la parfaite harmonie entre l’industrie, la technologie et l’énergie sur fond d’une croissance verte. Cette Afrique avait réalisé d’importants progrès. Entre autres, le bassin industriel du Congo est devenu le deuxième cœur de l’industrie mondiale, alimenté par une énergie propre et abondante. Les États-Unis d’Afrique ont réussi à produire beaucoup plus qu’ils ne consomment, grâce notamment à une irrigation de l’immense Sahara. Les habitants et la quasi-totalité des moteurs de la planète sont alimentés à base d’une énergie obtenue à partir de l’eau, via un processus chimique de « scission moléculaire à basse énergie ». Les guerres fratricides et la famine n’ont plus droit de cité. La science y est aussi développée. Pour couronner ce succès, l’État-continent avait déjà enregistré des prix Nobel en chimie et en médecine. « Parfois, je crois que je pense l’Afrique avant moi-même… » Aussi disert qu’un entretien peut être avec Renaud Dossavi, il ne perd pas pour autant un de ses objectifs : produire pour être utile à l’Afrique. C’est en effet ce leitmotiv qui l’a conduit à publier cette année même « Nous et l’Histoire », une analyse sur le passé, le présent et l’avenir ; un essai sur l’histoire africaine vue par un jeune intellectuel qui est en même temps l’auteur. Dans ce livre, ce dernier jette les bases d’une réflexion sur le futur de l’Afrique. Et quand il s’agit de se mettre au service de l’Afrique, le jeune auteur le prend particulièrement pour mission. Il en est convaincu, au point de le répéter devant le parterre de leaders africains présents lors du sommet de la BAD en Corée du Sud. Pour lui, la solution pour le développement de l’Afrique n’est pas dans une quelconque négociation. Mais plutôt, dans le travail. Le jeune Africain doit vaincre ou périr, sans métaphore, sans hyperbole. « Sans quoi, nous risquons de nous retrouver sans terre, sans souveraineté, sans liberté, sans fierté, sans dignité si nous ne faisons pas le sacrifice ultime et total en ce début de siècle pour rattraper les 500 ans de retards économique, civilisationnel et technique que nous avons accusés par rapport aux autres,» estime Renaud. Pour cet auteur de 5 ouvrages, la génération passée et celle qui l’a précédée ont échoué. Puisqu’ils n’ont pas réussi à assurer la croissance du continent, cette dernière génération n’a pas le choix. À cet effet, tout comme le penseur panafricain Edem Kodjo auteur du livre « Et demain l’Afrique », Renaud Dossavi estime que l’Africain doit travailler deux fois plus que les autres, afin, d’une part, de comprendre son passé et sa propre histoire, et d’autre part maitriser le présent pour « être au rendez-vous ». La renaissance africaine n’est plus à cet effet un choix, c’est une mission pour tout Africain. « Vive l’Afrique, vit la beauté » De ses années sur le campus de Lomé où Renaud Dossavi a pu obtenir son diplôme d’analyste biologiste, le jeune togolais a pris congé des tubes à essai, pour vouer un amour aux essais littéraires. Renaud fait également de la poésie, aime le beau, et ne saurait parler de sa littérature en l’exemptant. « La beauté avec un ‘’ B majuscule’’ » insiste-t-il. Réduire donc le beau de Renaud Dossavi à l’esthétique, c’est la biaiser. Il ouvre le concept à un sens philosophique, aussi bien largement qu’il englobe « le beau, le bien et le vrai, une parfaite adéquation entre la forme et le fond, le mot juste, la pensée exacte pour exprimer la bonne idée » a-t-il pris le soin de conclure…