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Assurance maladie en Afrique: les partenariats public-privés foisonnent

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Médecin

Entre opportunités et contraintes, les systèmes d’assurance maladie ne couvrent pas encore une grande partie de la population africaine.

Sur le continent le taux de couverture de l’assurance maladie est faible. La plupart des États peinent encore à instaurer un mécanisme d’assurance maladie universelle. On note ainsi l’absence d’une couverture des soins de santé. Les ménages sont obligés de supporter directement les charges financières. Il y a deux ans, le rapport « The decent Work agenda in Africa » indiquait que près de 90% de population subsaharienne ne bénéficie pas d’une assurance contre les risques de maladie et d’accident.

S’assurer n’est pas encore entré dans les habitudes. Car en réalité, les soins de santé ont pendant longtemps été gratuits dans les pays. Les charges étaient supportées par les États. Mais il y a plus trente ans, les programmes d’ajustement structurel ont obligé les États à mettre fin à la protection sociale pour de nombreux citoyens.

Depuis, les populations « se débrouillent ». En termes de chiffres, les ménages africains prennent eux-mêmes directement en charge près de 70% de leurs dépenses santé. Faute d’instaurer une couverture sanitaire pour tous les citoyens, certains États protègent tout de même leurs fonctionnaires ainsi que quelques travailleurs du secteur privé formel. Des mutuelles ont été créées pour prendre en charge les soins de santé des membres qui doivent cotiser de façon périodique. Mais depuis quelques années les États lancent des systèmes d’assurance maladie.

Des systèmes de couverture encore faible

Certains États africains font des efforts qui restent insuffisants. Ils ont mis en place des systèmes d’assurance maladie pour les fonctionnaires, les salariés d’entreprises privées et pour le secteur formel. Ces systèmes d’assurance maladie sont obligatoires. Les fonctionnaires en bénéficient moyennant des cotisations. C’est le cas du Togo où depuis 2011, l’Institut national d’assurance maladie (INAM) assure une couverture sanitaire à des fonctionnaires de l’État. Plus de cinq après sa création, l’INAM prend en charge plus de 260000 bénéficiaires avec plus de 1000 prestataires répartis sur le territoire.

Mais au Togo comme dans d’autres pays africains, la portée de ces systèmes d’assurance maladie reste faible. L’État béninois quant à lui a créé en 2012 le Régime d’Assurance Maladie universelle (RAMU) destiné à toute la population moyennant le paiement d’une prime. Le RAMU est financé par l’État et les collectivités locales. Une dizaine de pays africains, dont le Sénégal, disposent également d’un système d’assurance maladie qui prend en charge les moins de cinq ans.

Toutefois, les bénéficiaires de ces systèmes représentent à peine 30% de la population. Autant dire qu’environ 70% de la population, issue du secteur informel, n’est pas encore couvert pas le système d’assurance maladie des pays. Mais jusqu’à présent le Rwanda reste le premier sur le continent à fournir une assurance maladie universelle. Avec un taux de couverture de 91% de sa population, le système d’assurance maladie appelé Mutuelles de santé est financé par l’État et des partenaires. Pour la réussite de son système, le Rwanda forme régulièrement des agents de santé communautaire.

Partenariat public-privé

Pour étendre la couverture sanitaire, certains États comme le Ghana se sont liés avec des structures privées. En effet, le National Health Insurance Scheme (NHIS) du Ghana repose sur des mutuelles de santé communautaires préexistantes. Cela a permis au pays d’augmenter son taux de couverture maladie de 1 % dans les années 1990 à plus de 40 %. L’État a d’ailleurs voulu que son système soit financé « à plus de 70 % par une taxe de 2,5 % sur les biens et les services, et à plus de 20 % par les charges sociales ».

Grâce à des partenariats public-privé, les populations sont ainsi encouragées à adhérer à l’assurance maladie à travers des offres de soins subventionnées. La gestion du système de l’assurance maladie est dans certains cas confiée à des structures privées. L’État se chargeant lui-même de superviser. Selon plusieurs observateurs, cette approche peut permettre à de nombreux pays d’augmenter leurs taux de couverture de l’assurance santé qui restent pour le moment très faibles.

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