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L’Afrique et l’économie verte en question

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La quête insatiable et effrénée du « développement » des grandes puissances a conduit à une dégradation de l’environnement et à des conséquences pas des moindres. L’économie verte, sans pour autant être à même d’apporter des réponses à l’ensemble des défis auxquels nos sociétés sont confrontées, se veut une démarche permettant d’améliorer les modes de production et de consommation dans une perspective de développement durable. L’Afrique trouve-t-elle une logique avec l’économie verte ?

La pollution, l’émission des gaz à effet de serre ou toutes autres conséquences liées à l’industrialisation des pays ne pointe pas d’emblée l’Afrique. Il est une évidence, le monde est désormais confronté à son modèle de développement qui est l’industrialisation. Lequel modèle s’est principalement basé sur la recherche d’une croissance économique à tout prix, une énergie fossile peu chère et disponible et qui a eu pour conséquences l’augmentation exponentielle des émissions de gaz à effet de serre, une dégradation rapide et parfois irréversible de l’environnement, une accentuation des disparités sociales, du sous-emploi, des migrations de populations, etc.

L’économie verte veut conjuguer à la fois croissance, développement sociétal et protection des ressources naturelles. Dans cette perspective, elle a été définie comme une nouvelle approche permettant de revisiter les modèles économiques traditionnels de croissance. Alors que sa définition a suscité des débats, l’économie verte s’impose de plus en plus clairement comme une solution pertinente, sinon la seule afin de mobiliser le secteur privé dans l’atteinte des objectifs du Développement Durable. Si l’Afrique est à la croisée des défis et des potentiels d’actions, il est alors pertinent de s’interroger sur la conjoncture que représente l’économie verte pour cette terre : la reprise économique ; la réduction de la pauvreté ; et la réduction des émissions de carbone et de la dégradation des écosystèmes.

L’économie verte en question

La notion de l’économie verte est l’un des nombreux concepts étroitement liés à la mise en œuvre du développement durable qui visent à renforcer la convergence entre trois piliers : économique, social et environnemental. Par ailleurs,  le capital naturel reste pour le continent africain, une ressource vitale qu’il convient de préserver. Que ce soit pour des questions de sécurité alimentaire ou de création de richesse. Ceci étant, force est de constater qu’elles sont soumises à de très fortes pressions et dégradations que ce soit pour alimenter le marché international ou pour répondre aux besoins d’une population en rapide et forte augmentation qui aspire légitimement à des conditions de vie sans cesse meilleures : accès à l’énergie, à l’eau, à la nourriture, à la santé, etc.

Cependant, malgré l’urgence de la situation, il y a actuellement trop peu de connaissances sur les politiques les plus efficaces à mettre en œuvre pour soutenir l’émergence d’une économie verte en Afrique. Pour autant, de plus en plus d’initiatives, de programmes et de projets sont mis en œuvre sur cette question afin d’accompagner l’ensemble des acteurs publics et privés et les différentes composantes de la société civile à identifier et mettre en place les réponses les plus appropriées pour soutenir l’émergence d’une économie verte en Afrique.  

De la réalité d’une économie verte en Afrique

L’économie verte apparaît comme un des principaux trésors pour le développement des pays Africains et participerait sans aucun doute à la stabilité de la zone au service de la construction d’un espace de paix et de prospérité. En effet, le continent africain se retrouve au cœur des défis que l’on se trouve en milieu rural ou urbain.

Selon une quinzaine d’entretiens réalisés par Kempf en 2014 auprès d’entrepreneurs actifs dans les domaines de la transformation agro-alimentaire, de la gestion des déchets, de l’eau et de la santé au Congo Brazzaville, il ressort que les entreprises « vertes » cherchent à mettre en avant des circuits courts de commercialisation (CCC) et des modes de production plus intégrés.

Si on considère les activités menées par les « entrepreneurs verts », il en ressort qu’il existe de réelles opportunités à saisir dans l’émergence de l’économie verte en Afrique, en particulier dans l’agriculture biologique.  En réalité, l’Afrique dispose d’énormes atouts dans la production des produits d’agriculture biologique compte tenu de la qualité de ses terres agricoles et de leur disponibilité. De plus, le continent dispose encore d’énormes superficies de terres agricoles non encore exploitées. En 2010, seulement 40% des terres agricoles en Afrique sont cultivées.

En Ethiopie l’agriculture biologique a permis d’améliorer les rendements agricoles dans une région souffrant de sécheresse et de la désertification.  En ce qui concerne gestion des déchets, un rapport de la Banque Mondiale montre que l’Afrique ne représentait que 5% de la production mondiale de déchets. Plus de la moitié (57%) de sa production est constituée de déchets organiques, donc valorisables sans trop de difficultés. De ce fait, croire en une économie verte en Afrique est possible. Loin des actions contre-nature qui menacent l’Homme, l’Afrique peut (re)lancer son processus de développement en le fondant sur l’économie verte.

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