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Togo: les contours du dialogue se dessinent [Synthèse]

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Au Togo, le dialogue finalement annoncé par le gouvernement est attendu comme solution à la crise qui secoue le pays depuis trois mois. Ce mardi, l’opposition a rencontré un émissaire du Chef de l’État ghanéen, Albert Kan-Dapaah pour, dit-il, « discuter des contours du dialogue ».

C’est au détour d’un conseil des ministres tenu ce 6 novembre que le gouvernement togolais a dû, par un communiqué annoncer des mesures prises visant à apaiser la tension palpable depuis presque 3 mois. Au rang de ces mesures prises et qui « pousseront les acteurs politiques à la retenue et au sens des responsabilités afin de sauvegarder la paix et la cohésion nationale », il y a la libération de 42 personnes interpellées jugées et condamnées par diverses juridictions du pays. De même que la restitution des motocyclettes saisies, la levée du contrôle judiciaire contre Jean-Pierre Fabre dans l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara.

La principale décision saluée principalement par les chancelleries étrangères qui suivent de près cette crise est l’annonce de l’ouverture prochaine d’un dialogue inter togolais. Depuis ce mardi, si on ne connait toujours pas la date du dialogue, un pas vers ce dialogue a été fait. Pour le ministre ghanéen Albert Kan-Dapaah dépêché à Lomé pour amorcer les travaux, il est convaincu qu’après discussion avec le pouvoir, il trouvera un consensus sur le « quand, comment et où » du dialogue.

Inévitable dialogue

Ce dialogue réclamé de façon « immédiate » par la France à travers son ambassade peut en effet ne pas être proche. L’ambassadeur Marc Vizy avait pourtant salué l’acte qui devrait contribuer à une décrispation de la situation politique, alors que l’opposition en étant en général favorable au dialogue ne se désarme pas. « On a noté avec satisfaction le communiquer que le gouvernement. On espère que tout le monde saisira cette main tendue et que le dialogue s’instaurera pour sortir de cette crise. On espère qu’à l’issue du dialogue qui va s’instaurer, une solution sera trouvée pour mener à bien les révisions constitutionnelles de la manière la plus souple possible », avait déclaré le diplomate à l’issue d’une rencontre avec le premier ministre.

Dans le camp du gouvernement, certaines sources annoncent que celui-ci opte pour un dialogue « inclusif et ouvert ». Un cadre qui pourrait donc être élargi aux autres partis qui ne sont directement pas impliqués dans la crise. Une stratégie qui pourrait permettre au parti au pouvoir de voir les partis de l’opposition se mordre entre elles.

Quid des différentes positions

D’un côté, depuis l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi sur les réformes introduite par le gouvernement, le parti UNIR semble être inébranlable sur la tenue dans un bref délai du référendum à l’issu duquel le peuple devrait se prononcer sur les modifications apportées à la loi fondamentale du pays. Une position partagée par le gouvernement qui s’est activé pour la mise en place d’une CENI. Une position qui si elle n’est pas revue à la baisse peut frustrer l’opposition et être source de blocage du dialogue annoncé, étant donné que les 47 amendements faits par les députés de l’opposition lors de l’étude de ce projet de loi ont été simplement balayés du revers de la main.

Toutefois, le ministre de la Communication, Guy Lorenzo s’est exprimé sur la question du dialogue. Il s’est montré fier à l’idée que l’opposition ait accepté la proposition du gouvernement pour la tenue du dialogue.

Mais en réalité, selon les les cadres du parti présidentiel campent sur leur décision de voir celui qu’ils appellent leur « Champion » briguer à nouveau deux mandats après l’adoption du nouveau texte constitutionnel, sur fond du principe juridique qui stipule que « la loi dispose pour l’avenir ». Des prises de position qui irritent certains leaders de l’opposition et qui pourraient plomber les ailes des discussions.

De l’autre côté, des préalables qui ont l’allure des injonctions ne sont pas de nature à faciliter les choses. Jean-Pierre Fabre a exigé entre autres avant l’ouverture d’un dialogue qu’il veut « sincère », la libération des militants de l’opposition arrêtés « injustement » dans l’affaire des incendies des marchés et lors des manifestations récentes avant qu’il y ait un dialogue.

Pour le Chef de file de l’opposition, le dialogue qui s’ouvrira dans les prochains jours sera une occasion pour négocier avec le pouvoir en place les conditions de son départ. Une question sur laquelle le leader du PNP, Tchikpi Atchadam ne s’est ouvertement pas encore prononcé. Mais Jean-Pierre Fabre tient toujours le même langage ? Les prochains jours en diront davantage.

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