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Transport aérien: l’Afrique va ouvrir son ciel, les enjeux!

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Souvent caractérisés par de longs retards et des annulations, des liaisons limitées,  ou encore des avions ou pistes délabrés, les vols à travers l’Afrique sont parfois embarrassants.

Le problème lié au transport aérien en Afrique est compliqué par les réglementations restrictives et le protectionnisme. Des politiques qui entravent les voyages intranationaux, conduisant les compagnies aériennes africaines à perdre, selon les données de la Banque mondiale, environ 800 millions de dollars en 2016. Désormais, certains de ces problèmes devraient entrer dans l’histoire lorsque le Marché unique du transport aérien africain (SAATM) sera lancé par l’Union africaine (UA) à la fin du mois de janvier.

En tant que l’un des projets phares de l’Agenda 2063 panafricain de l’UA, ce plan vise à améliorer la connectivité aérienne en Afrique et à utiliser le transport aérien comme moteur de croissance économique, de création d’emplois et d’intégration.

L’idée repose sur la Décision de Yamoussoukro de 1999, lorsque les ministres africains responsables de l’aviation civile ont accepté un certain nombre de mesures visant à déréglementer les services aériens, à mettre en place des mécanismes de concurrence loyale, de règlement des différends et de libéraliser les fréquences et les tarifs.

Dans le cadre de cet accord en effet, les pays devraient également libéraliser l’exercice des droits de cinquième liberté pour les passagers et les services aériens de fret, permettant à un transporteur de voyager entre deux pays sur un vol en provenance ou à destination de son propre pays.

Fédérer les marchés

En mettant en œuvre ce plan, les pays africains espèrent imiter et développer les marchés uniques de l’aviation dans des pays comme l’Europe et l’Amérique latine. L’UA espère également encourager l’investissement et l’innovation transfrontaliers, améliorer les opérations et l’efficacité des entreprises, accroître la concurrence sur les lignes. Mais pas que. Cette politique de l’institution entend aussi abaisser les tarifs, créer plus d’emplois, ou encore aider les compagnies aériennes à se développer pour permettre la libre circulation des personnes et des biens.

Jusqu’à présent, 21 pays qui contrôlent plus de 670 millions de la population du continent se sont engagés à ce plan. Ceux-ci comprennent le Bénin, le Nigeria et la Sierra Leone dans la région ouest-africaine; Le Kenya et le Rwanda à l’est; Le Zimbabwe et l’Afrique du Sud dans le sud; et l’Egypte au Nord.

Le marché unique accueille également huit des dix aéroports les plus fréquentés d’Afrique, notamment l’aéroport international de Bole en Éthiopie et OR Tambo à Johannesburg, en Afrique du Sud. Jusqu’à 15 transporteurs, qui représentent plus de 70% du trafic aérien intra-africain, ont également signé pour le marché commun, y compris Ethiopian Airlines, Kenya Airways, South African Express et Egypt Air.

Par ailleurs, ce mouvement de libéralisation du transport aérien coïncide avec une pression des gouvernements africains pour ouvrir plus de frontières et encourager le commerce et le tourisme interrégional. L’année dernière, les Africains ont voyagé plus facilement à travers le continent, et des pays comme le Kenya, la Namibie et le Ghana ont annoncé l’élimination des restrictions de visa ou l’octroi de visas à l’arrivée. Le tourisme local au Kenya, en Tunisie et en Afrique du Sud a également stimulé les voyages aériens intérieurs, entraînant la croissance budgétaire des transporteurs.

Pourtant, malgré les meilleures intentions du plan, le voyage aérien en Afrique a encore beaucoup de chemin à faire. Des transporteurs comme Kenya Airways ou Arik Air du Nigeria ont eu du mal à faire des profits ces dernières années, en proie à la dette ou aux résultats d’une stratégie d’expansion mal cadencée.

Et à moins que de nouveaux pays ne s’ouvrent, les restrictions gouvernementales sur les visas et l’établissement de lignes aériennes continueront à empêcher un potentiel de cinq millions d’Africains de voyager sur le continent, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Les voyages aériens dans des pays comme la Somalie ont aussi un long chemin à parcourir avant de pouvoir s’intégrer pleinement avec le reste: après 27 ans sous le contrôle des Nations Unies, le pays a repris le contrôle de son espace aérien en décembre 2017.

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