Accueil Afrique central Des vétérans américains  en Afrique pour traquer les braconniers

Des vétérans américains  en Afrique pour traquer les braconniers

9 min de lecture

La recrudescence du braconnage sur le continent oblige certains États à faire appel à des vétérans américains pour former leurs rangers. Désormais c’est avec des méthodes militaires que ces « soldats de la faute » luttent contre les braconniers.

Depuis près de cinq ans, des voix s’élèvent pour dénoncer l’extinction de certaines espèces dans la savane africaine. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) continue d’exprimer sa préoccupation sur la menace de disparition qui plane sur le pangolin, le rhinocéros, la girafe et le guépard. Leur disparition est liée à des activités humaines, notamment le braconnage illégal. Mais depuis quatre ans, sur le continent, une bataille de longue haleine est en cours dans les faunes. Elle oppose des braconniers qui chassent des animaux dans les faunes et les rangers qui se donnent pour tâche de protéger les animaux.

Mais la protection des rangers n’est pas toujours totale. Le braconnage illégal étant devenu une crise si grave que les braconniers passent souvent entre les mailles des rangers. Depuis plusieurs mois, des parcs animaliers sur le continent se tournent de plus en plus vers les soldats actifs. Les responsables en charge de la gestion des parcs font appel à des vétérans qui utilisent des technologies militaires pour protéger la faune. C’est le cas du Malawi. Pour la protection de ces parcs, le pays a fait appel à des soldats britanniques. Ces derniers enseignent aux rangers comment combattre les braconniers à kalachnikov. Cette aide des soldats britanniques s’inscrit dans le cadre d’un programme soutenu par le prince Harry.

De leur côté, les rangers kényans utilisent du matériel de qualité militaire pour traquer les braconniers avec l’aide du Fonds mondial pour la nature. L’organisation a également essayé de déployer des drones en Namibie. Pour Ryan Tate, fondateur de VETPAW (Veterans Empowered to Protect African Wildlife), un organisme à but non lucratif américain lancé en 2013, le personnel militaire est bien équipé pour aider les gardes forestiers à faire face à la crise du braconnage. Le patron du VETPAW estime que les vétérans disposent de compétences pour dissuader les braconniers. Le VETPAW forme depuis quatre ans des équipes de vétérans américains qui doivent venir en appui aux rangers africains. La formation porte sur des tactiques militaires et sur comment patrouiller sur de vastes zones ou mener des opérations nocturnes.

Approche critiquée

« Au lieu de les envoyer chercher une aiguille dans une botte de foin, si nous pouvions leur apprendre à prendre des informations et à réduire les points de braconnage où les braconniers entrent et sortent des réserves, et comment ils le font, si nous pouvions apprenez-leur ces tactiques, nous pourrions réellement renverser la vapeur dans cette crise », résume Ryan Tate. Le VETPAW qui est financé par des dons compte actuellement sur le continent six vétérans.

Outre la lutte contre le braconnage, les vétérans travaillent également avec des écologistes locaux pour comprendre comment gérer les animaux et le terrain. Cependant, la relation entre le personnel militaire, les anciens combattants et les rangers n’est pas sans reproche. Une équipe de chercheurs de l’université de Sheffield s’est récemment opposée à de telles tactiques. « Cette image d’une écoarmée bienveillante détourne l’attention de poser d’autres questions importantes comme ce qui motive le braconnage en premier lieu [et] quel rôle joue la pauvreté », ont écrit les chercheurs.

L’article des chercheurs se rapportait à une déclaration publiée en avril par l’Association des Rangers d’Afrique sur l’utilisation de «personnel et tactiques militaires et de sécurité» pour entraîner les gardes-chasse. Parmi les préoccupations de l’association: le manque de coordination, le manque de contrôle approprié et le manque d’appréciation de l’environnement politique et culturel dans lequel évoluent les rangers. Selon les chercheurs de l’université de Sheffield, l’engagement de la communauté et le travail pour éradiquer la demande de produits de la faune sont une approche plus efficace.

Ryan Tate affirme apprécier en partie la position des chercheurs. Il réitère toutefois que les rangers ont besoin de ce type de formation pour répondre aux tactiques sophistiquées des braconniers. Le fondateur de VETPAW critique également le fait que les chercheurs passent sous silence les efforts de la communauté et du renseignement déployés par les anciens soldats et les soldats actifs, efforts qu’il dit aider les gardes forestiers à trouver et à appréhender en toute sécurité les braconniers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Charger plus d'articles liés
Charger plus par Emmanuel Vitus
Charger plus dans Afrique central
Les commentaires ont été désactivés.