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Énergie éolienne: point sur les grands chantiers chinois en Afrique

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En Afrique où les pays essaient de jouer leur partition face aux défis du changement climatique, les entreprises chinoises ont une position privilégiée en ce qui concerne les contrats en matière d’énergies.

Autrefois considérées comme un luxe, la Chine a rendu abordable dans le monde les énergies éoliennes. Sur le continent africain, le pays investi une grande fortune pour fructifier cette technologie.

En Afrique, les problèmes liés à l’électricité sont devenus des casse-têtes ces dernières années. Selon le PNUE, Programme des Nations unies pour l’environnement, l’Afrique est l’un des marchés les plus prometteurs pour les énergies renouvelables au cours des 10 à 20 prochaines années.

Raisons évoquées : ses ressources potentielles abondantes en termes d’ensoleillement, d’énergie géothermique, de vent, etc. En 2015 par exemple, l’Afrique de l’Est était la zone de toutes les convoitises. Le Kenya avait attiré des investissements de 316 millions de dollars, l’Ouganda de 134 millions de dollars et l’Éthiopie n’avait pas moins de 100 millions de dollars.

Sur le continent, nombre d’experts pensent que les pays doivent développer des politiques fortes permettant d’adopter l’énergie solaire. Un fait qui n’échappe pas à la Chine qui compte étendre son hégémonie sur le continent africain.

En effet, depuis 2014, année où les capitaux engagés dans les énergies vertes ont augmenté de 16 % après deux années de baisse, la Chine s’est perchée en position du pionnier, en dépassant principalement les États-Unis. Poursuivant ses objectifs visant à se libérer d’une dépendance du charbon, l’empire du Milieu a consacré 89,5 milliards de dollars l’an dernier aux énergies vertes, enregistrant ainsi une hausse spectaculaire de 32 % sur un an. Et l’Afrique en a également bénéficié.

Aujourd’hui, cinq des six plus grandes entreprises de fabrication de modules solaires à travers le monde sont chinoises. Ces entreprises ont de manière significative commencé par s’intéresser à l’Afrique, surtout sub-subsaharienne en 2012 via l’Afrique du Sud où JinkoSolar a investi dans une usine photovoltaïque d’une capacité annuelle de 120 MW.

Depuis, les projets de ce genre sont légion dans ce pays ; en 2016, notamment en Afrique du Sud avec la centrale solaire de 150 MW réalisée par GCL-Poly, ou encore le projet de centrale solaire au Northern Cape remporté par JA Solar, ou celui annoncé au Sénégal en novembre dernier pour CGN, la Chine se prépare activement à renforcer sa présence dans le domaine de l’énergie en Afrique en particulier.

En effet, ce 17 novembre encore, le projet d’énergie éolienne Longyuan Mulilo De Aar, centrale éolienne d’Afrique à investissements chinois ayant bénéficié d’un financement total de 2,5 milliards de Yuans (377 millions de dollars) a été mis en service. Construit par Longyuan South Africa, une entreprise dépendant de China Guodian Cooperation (CGC), ce projet en cours d’exécution prévoit construire une centrale en deux phases dans la région de Northern Cape, en Afrique du Sud.

Cette nouvelle centrale aura une capacité installée totale de 244,5 MW. Selon Zhang Guohou, vice-président exécutif de la CGC, le projet permettra, tout en économisant 215 800 tonnes de charbon standard et en réduisant la quantité de dioxyde de carbone de 619 900 tonnes, de générer chaque année 644 millions de kWh d’énergie verte pour l’Afrique du Sud. Il devrait répondre à la demande d’électricité de 85 000 ménages de la région.

L’Afrique, une terre fertile à la Chine

S’il est vrai que le continent est absent des 5 premières destinations des investissements chinois à l’étranger dans le domaine des énergies renouvelables entre 2002 et 2015, l’Afrique devient de plus en plus présente à partir des années 2010 ; une période qui a coïncidé avec la multiplication des plans nationaux d’énergie renouvelable dans nombre de pays. Selon le dernier rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), plus de 13 milliards de dollars de contrats ont été réalisés en Afrique l’année dernière et les entreprises chinoises construisent actuellement 30 % des nouvelles capacités électriques en Afrique subsaharienne, soit plus de deux cents projets entre 2010 et 2020.

Les deux tiers de ces investissements sont dirigés vers le sud et l’est de l’Afrique, contre 26 % pour l’Afrique de l’Ouest et seulement 8 % pour l’Afrique centrale. Pour résumer, David Bénazéraf, responsable du programme Chine à l’IEA et auteur dudit rapport a déclaré qu’un mégawatt sur deux est chinois. « Si on met à part les investissements réalisés en Afrique du Sud, c’est même 46 % des nouvelles capacités électriques en Afrique subsaharienne qui sont construites par des entreprises chinoises avec une large place faite aux barrages », a-t-il ajouté.

En effet, avec près de 90 milliards de dollars consacrés aux énergies renouvelables chaque année depuis 2014, la Chine domine le classement des plus gros investisseurs dans les filières renouvelables, et dirige une large part de ses fonds vers les pays africains. La majorité des projets en cours sont prévus pour alimenter le réseau électrique national. La Chine joue donc également un rôle important dans l’électrification des pays africains. Selon les statistiques, près de 635 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Avec ces projets réalisés par la Chine, ce sont 120 millions de personnes qui auront accès à l’énergie, selon les chiffres avancés par les responsables chinois.

Aussi, depuis que le pays le plus peuplé au monde a débarqué en Afrique, près de 60 % de ses projets chinois sont financés par l’Exim bank of China. La banque chinoise apporte des prêts bonifiés et confessionnels et propose des offres intégrées avantageuses pour des pays en manque cruel de liquidités. Conséquence, les groupes publics chinois sont plus attrayants et remportent de nombreux contrats sur le continent.

Cependant, la Chine n’est pas la seule puissance à investir en Afrique. D’autres pays comme la France, l’Italie ou la Suisse sont également présents, mais peinent à concurrencer la puissance asiatique, en raison de la taille des financements des entreprises chinoises dans des infrastructures hydrauliques généralement très onéreuses.

 

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