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Zanzibar: des drones pour localiser les foyers de moustiques

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Zanzibar est un archipel tanzanien au large des côtes de l’Afrique de l’Est souvent menacé par le paludisme. À l’échelle mondiale, la maladie infecte plus de 200 millions de personnes chaque année et est responsable de la mort d’environ 500 000 personnes chaque année. Pour combattre ce fléau, des scientifiques utilisent des drones pour localiser les forts foyers de moustiques.

Au Zanzibar, les agences de voyages n’hésitent en tout cas pas de prévenir les touristes. Sur cet archipel de deux îles situé en Tanzanie, dans l’océan Indien, à une quarantaine de kilomètres au large de la Tanzanie continentale, les moustiques ne pardonnent pas. Au Zanzibar comme en Afrique, le paludisme reste la première cause de décès chez les enfants de moins de 5 ans.

De par son climat et ses nombreuses zones d’eau stagnante, le Zanzibar présente les conditions favorables à la reproduction des moustiques. En effet, dès les années 1920, des études ont état d’un taux de prévalence de 68 % parmi la population zanzibarite et surtout de 14 % parmi les enfants de 1 à 6 ans. Les programmes d’éradication de la malaria à base d’insecticides lancés par l’Unicef et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1958 n’auront pas réglé le problème, de même que de nombreuses d’autres tentatives, mais le taux de prévalence ne faiblit pas.

Paludisme, la difficile lutte

Les objectifs du Millénaire pour le développement ont suscité un certain nombre de campagnes à grande échelle en Afrique subsaharienne pour lutter contre le paludisme. Des millions de moustiquaires ont été distribuées. L’insecticide a été fourni pour pulvériser dans les maisons des collectivités. L’objectif était d’empêcher les gens de se faire piquer, interrompant ainsi le cycle de transmission. Une initiative qui a connu une réussite, conduisant à une diminution notable de la prévalence de la maladie. Certaines zones de Zanzibar ont vu les niveaux de prévalence tomber de 40 % de la population ayant le paludisme à moins de 1 %.

Depuis quelque temps, à Stonetown, la capitale de Zanzibar, on peut désormais apercevoir des drones planer sur la ville. Objectif : cartographier les habitats du paludisme aquatique. Ces masses d’eaux peu profondes éclairées par le soleil abondent en larves de moustiques. En quelques jours, les larves émergent en tant que moustiques adultes à la recherche d’un repas de sang.

Des drones pour géo localiser les moustiques

Aujourd’hui, les épidémiologistes et les responsables de la santé publique cherchent à compléter les moustiquaires d’intérieur et à pulvériser des solutions extérieures. En effet, ils prennent la bataille contre les moustiques. Et les drones constituent des outils importants de leur arsenal. L’un des principaux défis pour les gestionnaires de la maladie est de trouver de petits plans d’eau que les moustiques utilisent pour se reproduire. C’est là que les drones entrent en jeu. Des images de drones capturées sur de grandes surfaces sont alors utilisées pour créer des cartes précises

« Les autorités de santé publique doivent être en mesure de localiser et de cartographier ces plans d’eau afin qu’ils puissent être traités à l’aide d’un larvicide comme le DDT » a déclaré un membre de l’équipe de pilotage de drones. Ce processus est connu sous le nom de gestion des sources larvaires et a été utilisé avec succès au Brésil et en Italie il y a plusieurs décennies.

Aujourd’hui, des substituts beaucoup plus sûrs et à faible toxicité ont été développés. Le problème est qu’ils ont un coût. Des ressources sont également nécessaires pour disséminer le larvicide et localiser les plans d’eau qui abritent les œufs et les larves de moustiques. Certains de ces refuges sont difficiles à trouver à pied, et si les plans d’eau sont cartographiés avec précision, une campagne de larvicide pourrait finir par être une perte de temps.

Déroulement

En 20 minutes, un seul drone peut arpenter une rizière de 30 hectares. Cette imagerie peut être traitée et analyser le même juste après pour localiser et cartographier les plans d’eau. Cela s’est révélé très précis et efficace. Tout cela en utilisant l’un des drones les plus populaires, le Phantom 3 de DJI.

« Nous avons commencé à travailler sur des sites de test à travers Zanzibar, mais maintenant, avec le soutien du Innovative Vector Control Consortium, un partenariat sans but lucratif visant à créer de nouvelles solutions pour prévenir la transmission de maladies, nous élargissons notre gamme pour explorer cette technologie. Cela ne s’arrête pas là. Nous prévoyons d’intégrer l’imagerie des drones dans la technologie des téléphones intelligents afin de guider les équipes de pulvérisation de larvicides vers les plans d’eau au sol et de suivre leurs progrès et leur couverture. Il y a aussi une tendance passionnante à diffuser automatiquement le larvicide des drones eux-mêmes. » a déclaré Andy Hardy, chargé de cours en télédétection à Aberystwyth University.

Toutefois, les opérateurs sont conscients du côté négatif de leur opération à base des drones : invasion de la vie privée ; les collisions avec des aéronefs et des oiseaux ; ou encore problèmes de sécurité.

 

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