Gouvernance Zimbabwe Grace Mugabe: la reine du shopping qui a voulu gouverner Posté il y a 18 novembre 2017 9 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Les ambitions démesurées de la première dame zimbabwéenne, Grace Mugabe, ont précipité la fin du règne de son mari qui dure depuis 37 ans. A plus de cinquante ans, Grace Mugabe côtoie le plus haut sommet de l’État depuis plus de trente ans. En effet, c’est en jeune divorcée qu’elle découvre le palais présidentiel comme employée. Elle n’a que vingt ans. Secrétaire du chef de l’État elle finit par devenir sa maîtresse. Suite au décès en 1992 de la femme de Robert Mugabé, le président décide de prendre pour épouse celle qui était toujours considérée comme sa secrétaire. Lorsqu’ils se marient en 1996, le statut de Grace Mugabe change. Dans l’entourage de son mari, quelques proches remarquent les ambitions démesurées de celle qui est née en Afrique du Sud. Plus de vingt ans après, Grace Mugabe s’est imposée. D’abord par sa richesse incroyable. À elle seule, la première dame dispose d’une bonne fortune avec des entreprises et une douzaine de fermes dans le pays. Elle a également un train de vie hors norme. Passionnée de mode, la femme du président s’offre régulièrement des emplettes à plus de 100 000 dollars dans des boutiques de luxes. Dans un pays où le taux de pauvreté reste très élevé, Grace Mugabe peut aussi s’offrir une Rolls Royce. C’est ainsi qu’elle s’est construite malgré lui une mauvaise réputation. Si elle n’essuie pas les critiques de la presse, ce sont parfois des militants du parti présidentiel qui l’accusent. On lui a reproché d’avoir gagné plusieurs millions de dollars grâce à la vente illégale de diamants, extraits de la mine de Marange, dans l’est du Zimbabwe. L’affaire révélée par Wikileaks avait secoué le pays. D’autant plus que d’autres cadres zimbabwéens étaient également mis en cause. Mauvaise réputation Les écarts de comportements de Grace Mugabe ont souvent été décriés. Comme en 2009 où elle a agressé un photoreporter à Hong Kong. Ce sera aussi le cas en 2014 à Singapour. Mais c’est surtout son agression en août dernier sur une jeune femme dans un hôtel de Johannesburg qui a défrayé la chronique. Il a manqué de peu que cet incident provoque une crise diplomatique entre le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. La justice sud-africaine exigeant l’arrestation de la première dame avant que cette dernière ne bénéficie d’une immunité diplomatique pour s’échapper de Johannesburg. Très écoutée par son mari, elle a provoqué la disgrâce de certains hommes du premier cercle du chef de l’État et fait même emprisonné de jeunes militants du parti au pouvoir hostile à la politique de Robert Mugabe. Ses ambitions ont aussi vite grandi ces dernières années. Grace Mugabe s’est fait élire présidente de la Zanu-PF et s’est entourée de fidèles dans son camp surnommé le G40. Depuis, elle a multiplié les meetings, vanté les mérites de son mari, et recherché aussi une popularité pour finalement déclarer son intention de succéder à Robert Mugabe. Avec d’autres femmes de la Zanu-PF, elle initie une campagne visant à amender la constitution en permettant qu’une femme puisse être nommée vice-présidente du pays. Dans l’idée de convaincre la population de ses aptitudes intellectuelles, Grâce Mugabé reçoit le diplôme de docteur à lui délivré par l’université de Harare. Ses travaux de thèse ont porté sur les bouleversements sociaux et leur impact sur la structure familiale, révèle une source de l’université. Femme pressée Les ambitions présidentielles de Grace Mugabe l’a emmené à tisser un réseau formé de fidèles. Au sein de la Zanu-PF, ses fidèles la décrivaient comme « la maman » ou encore « la future présidente ». Ce qui n’a jamais été du goût de ses détracteurs qui la trouvent « méprisante et prétentieuse ». Et la scission qu’elle a provoquée dans le parti présidentiel a irrité plus d’un. Contre lui s’est positionné le camp du vice-président déchu Emmerson Mnangagwa, longtemps considéré comme le successeur « légitime » de Robert Mugabe. Finalement déchu suite aux pressions de Grâce Mugabé sur son mari, Emmerson Mnangagwa très influent a provoqué la chute de son « compagnon de lutte ». Quelques jours avant la prise de pouvoir des militaires, un haut gradé s’est indigné du comportement hautain de Grace Mugabe. C’est « une assoiffée de pouvoir », considère-t-on dans le camp des vétérans. « Elle n’est pas née au Zimbabwe. Elle n’a même pas lutté pour la libération du pays », remarque un membre de la Zanu-PF. Introuvable depuis le placement en résidence surveillée de son mari, Grace Mugabe aurait quitté le pays pour l’exil, abandonnant tout rêve présidentiel. Triste fin !