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Niger: les retombées de la suppression des taxes sur les appels

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Les députés nigériens ont voté le 26 novembre la suppression des taxes sur les appels internationaux. Ce vote intervient dans le cadre de la loi de finances 2018.

C’est à une manne financière que l’État nigérien a volontairement décidé de renoncer. La suppression par le Parlement des taxes sur les appels internationaux va faire perdre au Niger plusieurs milliards de francs CFA. Pour cette année en cours, les taxes sur les appels internationaux entrants ont rapporté au pays près de 20 milliards de francs CFA. Des sources proches de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, des négociations avaient déjà commencé depuis quelques semaines entre députés du pouvoir et d’opposition pour la suppression de la taxe sur la terminaison du trafic international entrant (TATTIE). Mais les élus de l’opposition n’ont pas été favorables à une suppression de ces taxes. Ils ont évoqué un cadeau fiscal injustifié pour les compagnies.

Le ministre des Finances, Hassoumi Massoudou, a expliqué le vote des élus du peuple comme une décision réfléchie. Selon lui, la taxe sur la terminaison du trafic international entrant a, depuis plusieurs années, facilité un « rétrécissement en volume et en valeur du rendement des appels internationaux ». Conséquence, la TATTIE a entraîné une « perte tendancielle des recettes fiscales générées par les compagnies de télécoms ». Hassoumi Massoudou a indiqué que la suppression de la TATTIE était également motivée par l’engagement du gouvernement d’offrir aux populations de meilleures conditions de communication et des appels téléphoniques moins onéreux.

Amélioration de la qualité des services

En réponse au vote du Parlement, les compagnies de téléphonie ont annoncé leur engagement d’augmenter leur investissement pour mieux s’implanter sur le terrain. Elles ont également annoncé une amélioration de leur couverture sur toute l’étendue du territoire. Selon les informations, la suppression de ces taxes longtemps voulue par les compagnies devrait permettre à ces opérateurs d’améliorer la qualité de leurs services.  D’ores et déjà, le gouvernement prévoit en mars 2018 évaluer les compagnies sur leurs engagements. « Nous resterons extrêmement vigilants », prévient Hassoumi Massoudou.

À ce jour, quatre compagnies de télécoms sont présentes au Niger. Elles tentent de répondre aux attentes d’une clientèle souvent insatisfaite. Les populations dénoncent de plus en plus la mauvaise qualité de leurs services. En octobre dernier, l’Autorité de régulation des télécommunications et de la poste du Niger (ARTP) avait d’ailleurs fait payer aux quatre compagnies une amende de plus de 3 millions de francs CFA. Les critiques des près de 8 millions d’abonnés dans le pays portent aussi parfois sur la mauvaise qualité de la connexion internet et le faible taux (19%) de pénétration de l’Internet. Une situation souvent dénoncée par les organisations de la société civile. Des responsables d’associations de consommateurs ont surtout critiqué la suppression de la TATTIE qui serait fait dans le simple but « de plaire à la Banque mondiale ». L’institution financière a en effet promis aux autorités nigériennes d’importantes aides budgétaires en contrepartie de la suppression de la taxe sur les appels internationaux.

 

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