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Ghana: la nouvelle terre promise des homosexuels?

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Fin novembre, les déclarations de Nana Akufo-Addo sur une possible dépénalisation de l’homosexualité ont ravivé le débat sur la question.

Se dirige-t-on vers une reconnaissance des droits des homosexuels au Ghana ? La réponse reste floue. D’autant plus que Nana Akufo-Addo lors d’une interview à Al Jazeera n’a pas dit non à toutes les éventualités. Le chef de l’État a déclaré que le Ghana n’est pas encore prêt pour légaliser l’homosexualité. Durant son interview le président de la République a indiqué que la légalisation de l’homosexualité n’était pas à l’ordre du jour dans son pays. Cependant, le numéro 1 ghanéen s’est justifié en estimant qu’il n’y a pas encore des revendications sur la question qui puissent impacter l’opinion publique. Élu en début d’année, celui qui est avocat de formation n’a donc pas dit non à une légalisation de l’homosexualité dans le futur, rappelant que les réponses à certaines questions sont évolutives dans toutes les sociétés. Dans le pays, la déclaration non tranchée du président inquiet. Beaucoup lui reprochent d’être resté vague sur la question.

Dans le pays, les questions liées à l’homosexualité ne sont pas souvent abordées. La pratique est considérée par une grande majorité de la population comme étrangère à la société ghanéenne. Les partisans de la non-légalisation de l’homosexualité évoquent une pratique qui va à l’encontre des « enseignements socioculturels, communautaires et religieux ». Les rares voies qui se sont déjà élevées pour appeler à une protection des homosexuels ont été critiquées. Il y a cinq ans, l’ancien président John Evans Atta Mills avait sèchement répondu à David Cameroun qui invitait les pays africains à reconnaître les droits des homosexuels au risque de voir leurs aides réduites. John Atta Mills avait déclaré que le Royaume-Uni n’avait pas à imposer ses « valeurs au Ghana ».

Vif débat

Suite aux déclarations du président de la République, le Conseil chrétien a appelé Nana Akufo-Addo à ne pas faire bouger les lignes sur la question. Il a expliqué que le chef de l’État ne devrait pas céder aux pressions pour dépénaliser l’homosexualité. Opuni Frimpong, secrétaire général du Conseil, a affirmé que les déclarations du président de la République étaient de nature à encourager les homosexuels à s’organiser pour faire du lobbying. « Les homosexuels pourraient faire pression sur l’État pour obtenir une légalisation », a-t-il prévenu. Avant d’affirmer que Nana Akufo-Addo aurait dû être catégorique sur le sujet. Un autre membre du Conseil a estimé pour sa part qu’il n’est pas tard que le chef de l’État déclare que le Ghana ne légalisera jamais l’homosexualité.

Le Conseil national des gays a de son côté indiqué qu’une légalisation rapide de l’homosexualité n’était pas souhaitable. Le porte-parole de la communauté gay, Philcollins Agbedanu-Kröger, a fait savoir que les homosexuels ne sont pas encore prêts à assumer les conséquences. Les gays se plaisent dans l’état actuel du statu quo juridique, a-t-il insisté. Pour Kwesi Ohene, sociologue, les déclarations du Conseil national des gays ne sont pas surprenantes. Selon le chercheur, la légalisation de l’homosexualité devrait d’abord commencer par « un changement de mentalité ». « La société ghanéenne n’est pas pour le moment prête à accepter une dépénalisation de l’homosexualité », diagnostique Kwesi Ohene. Une précipitation de l’État pourrait exposer les homosexuels à des représailles.

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