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Al-Shabaab: la somalie face à la grande indifférence africaine

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La République de la Somalie a enregistré l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire cette semaine. Une situation qui n’affecte visiblement pas le reste de l’Afrique.

En Somalie, la vie après ce samedi n’est pas facile. Un attentat au camion piégé est survenu en milieu d’après-midi samedi au carrefour PK5, situé dans le district de Hodan, un quartier commercial très animé de la capitale avec ses magasins et ses hôtels. Une nouvelle attaque qui a beaucoup choqué les Somaliens, pourtant habitués aux attentats quasi quotidiens. Les effets sont lourds. Les bilans font état d’environ 300 morts et beaucoup plus de blessés. Les bâtiments et véhicules situés à proximité ont été fortement endommagés par la très forte explosion, qui a laissé de nombreux corps brûlés.

Cette attaque est un coup dur porté au nouveau gouvernement, huit mois après l’élection du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, lequel avait déclaré la guerre aux shebab. Depuis, les autorités appellent à la solidarité internationale pour sauver les survivants de l’attaque… presqu’en vain.

Abîme

Le système de santé très fragile du pays qui a connu depuis 1991 des guerres civiles, suite à la chute du régime du président Siad Barre, a rapidement été submergé par la taille du désastre. Contrairement à la communauté africaine qui semble abandonner une Somalie déjà vulnérable et exposée à tant de crises intestines, les partenaires internationaux de ce pays du Golfe d’Aden se sont mobilisés depuis lundi pour envoyer de l’aide médicale d’urgence et des médecins. La diaspora somalienne, quant à elle, fait des dons de sang afin d’aider le pays à mieux prendre en charge les blessés.

« Nous avons accueilli trois avions transportant de l’équipement médical venant des Etats-Unis, du Qatar et du Kenya. Et mis à part celui envoyé par le gouvernement américain, les deux autres repartiront avec des blessés, environ 35 victimes », a déclaré à la presse le maire de Mogadiscio, Tabid Abdi Mohamed. D’autres pays comme la Turquie avait depuis lundi raccompagné autant de blessés vers Ankara dans un avion qui avait emmené du matériel médical et des médecins. Les Etats-Unis et le Qatar se sont eux-aussi montrés disponibles pour la Somalie qui vit là l’un des pires moments de son histoire.

De l’indifférence de l’Afrique

Le constat est clair, cet attentat n’a pas bénéficié du même traitement comparé à ceux intervenus dans d’autres pays –pourtant avec des dégâts moins importants. Bien de pays africains sont restés muets. Certains se sont juste contentés des tweets. Le pays est laissé pour compte. Seuls les pays voisins et la diaspora (d’environ 2 millions de personnes) se sont montrés solidaires. En premier, le Djibouti qui a envoyé une équipe de docteurs spécialisés et de personnel médical dans un avion militaire pour assister les blessés.

Le Kenya s’est également manifesté en envoyant des aides au voisin. La ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a annoncé mardi que son pays allait évacuer 31 blessés pour qu’ils soient traités dans une unité spécialisée à Nairobi, et envoyer 11 tonnes de produits médicaux. En outre, la Croix-Rouge kényane a lancé une campagne de collecte de fonds en faveur des victimes.

En effet, sur les 55 pays frères de la Somalie sur le continent africain, seule une dizaine d’Etats ont manifesté un quelconque soutien moral, même si le président de la Commission de l’Union africaine a présenté ses condoléances à la Somalie au nom de la grande famille africaine, et engagé quelques actions au nom de l’institution qu’il dirige.

Depuis dimanche, des internautes notamment sur Twitter ont décrié l’indifférence du monde face à la tragédie que vit la Somalie. Ces internautes pointent les dirigeants des grands médias internationaux qui parlent très peu de ce drame.

Pour rappel, au moins 723 personnes ont été tuées et 1.116 blessées dans des attaques à la bombe en Somalie en 2016, selon le centre de réflexion Sahan, basé à Nairobi.

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