Accueil Afrique de l'ouest Coton: l’Afrique de l’Ouest exporte 95 % de sa production [Gand Angle]

Coton: l’Afrique de l’Ouest exporte 95 % de sa production [Gand Angle]

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Malgré les hausses régulières de la production cotonnière, l’Afrique de l’Ouest n’arrive pas encore à combler le déficit de transformation au plan local.

La production du coton augmente dans la sous-région ouest-africaine. Le secteur du coton et du textile concentre d’ailleurs près de 10 millions de producteurs et plus d’un million de salariés. Les pays producteurs rencontrent des difficultés, mais continuent de produire du coton bio. C’est le cas du Burkina Faso et du Mali qui sont les deux premiers producteurs de l’Afrique de l’Ouest. Ils ont enregistré ces deux dernières années une hausse de leur production.

Cela n’a pas toujours été le cas dans pays. Comme au Bénin où l’on a constaté de faibles rendements. Au cours de la même période, le Sénégal a quant à lui fait face à des problèmes d’accès aux semences, à de faibles précipitations. Les taux de rendement augmentent en Afrique de l’ouest, selon un expert de TextileExchange.

Durant la campagne 2016/2017, les productions de la sous-région ont encore augmenté avec « une amélioration du rendement de chaque pays », ajoute l’expert. Avec de bonnes précipitations, les deux premiers producteurs ont enregistré des hausses respectives de 25 % et 26 % sur leur production. Mais il se pose un problème de transformation.

Le Mali par exemple ne transforme que « 2 % de sa production, », admet Mohamed Aly Ag Ibrahim, ministre de l’Industrie. À cela s’ajoutent l’insuffisance d’usines et un déficit énergétique. Le constat est amer. En réalité, l’Afrique de l’Ouest ne compte désormais qu’une dizaine d’unités de transformation. En moins de vingt ans, plus de trente usines ont été fermées.

Des pertes économiques

Une étude réalisée par la BOAD avait indiqué que plus de 90 % du volume de production du coton est exporté pour transformation. Pourtant, selon plusieurs spécialistes du secteur, les pays de la région se développeraient s’ils parviennent à transformer au moins 20 % de leur production. Autant dire que l’Afrique de l’Ouest perd beaucoup. Sa faible transformation porte sur le filage, première étape de transformation du coton.

« Nous ne maîtrisons pas encore le tissage, le tricot ou la confection », déplore un producteur burkinabé. Les États tentent en vain de corriger cette insuffisance. Il y a deux ans, les autorités sénégalaises ont dû rouvrir à Thiès l’usine NSFT-FTT. « Cela nous a coûté plus de 400 millions de FCFA. C’est grâce à une garantie du Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) », explique une source du ministère de l’Agriculture.

D’autres pays comme le Mali ont rouvert leurs usines, mais ont fini par les refermer faute de moyens. Un plan d’action régional de développement des entreprises de la filière coton-textile a d’ailleurs été pensé par les acteurs. Ce plan porte sur la transformation et la commercialisation des produits issus du coton. Le but est de permettre aux populations de la sous-région de bénéficier des retombées de la culture du coton.

Les États membres de l’UEMOA ont même adopté un programme ambitieux qui devrait faciliter la transformation de 25 % de la production de coton de la sous-région. Le programme n’a pas fonctionné comme cela se doit. Sa mise en œuvre a été handicapée par des contraintes institutionnelles et financières. Le Burkina Faso a aussi adopté un document de planification stratégique pour soutenir les producteurs. Un appui a été aussi apporté à la libéralisation de la filière avec surtout la création d’un fonds de lissage et d’un fonds intrant.

Augmenter la transformation locale

Pour révolutionner le secteur, les États comptent développer des entreprises industrielles. Ces dernières vont s’occuper de la transformation et développer également des services de commercialisation compétitifs. La réorganisation de la production de l’or blanc passe aussi par le renforcement de la coopération entre les États. Les pays peuvent ainsi bénéficier des « complémentaires industries-artisanat et des économies d’échelle ».

Il s’agit pour les pays de la sous-région d’avoir accès aux tissus écrus, au coton-fibre, aux fils de coton et d’autres produits textiles. Pour transformer localement de la fibre de coton, les pays producteurs comptent opérer des réformes dans le secteur sans impacter le revenu des producteurs. Cela va de la réduction du déficit de compétitivité à une décote sur le prix de cession du coton aux filatures de la zone UEMOA. « La transformation locale est plus que nécessaire. Les États doivent se donner les moyens », souligne un membre de l’Organisation professionnelle des industries cotonnières et textiles (Opict).

Les pays de la région misent aussi la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. « Il nous faut former les producteurs, mais également créer des centres de formation aux métiers du textile », concède le directeur d’une filature ivoirienne. Les pays producteurs comptent opérer ces réformes qui doivent développer le secteur et créer de milliers d’emplois. L’Organisation professionnelle des industries cotonnières et textiles prévoit en effet la création de 50 000 postes directs et 500 000 emplois indirects au sein de l’UEMOA.

 

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