Accueil Afrique de l'Est Burundi Qui est Marguerite Barankitse, la mère de 20.000 Burundais?

Qui est Marguerite Barankitse, la mère de 20.000 Burundais?

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Si Maggy ou l’ange de l’Afrique, de son vrai nom Marguerite Barankitse, n’a toujours pas eu de prix Nobel de la paix comme espéré par nombre d’observateurs, aux yeux de ses compatriotes, cette femme de 61 ans n’a plus rien à prouver au monde.

A 61 ans justement, quoique les rides aient commencé par prendre possession de son visage, ceux qui l’ont rencontrée pourront attester que son énergie et sa détermination de fer n’ont rien perdu au fil des années. Maggy Barankitse est une figure emblématique burundaise, un monument animé, une salvatrice et un refuge des orphelins burundais. Elle est, aux côtés de Sœur Emmanuelle, Rosa Parks ou encore Geneviève de Gaulle-Anthonioz qu’elle a toutes rencontrées, une grande militante contemporaine.

Surnommée la mère de 20 000 enfants, dont elle en a sauvé beaucoup plus, Maggy a commencé son travail auprès des orphelins en 1972.

Genèse

En 1993, le Burundi a été pris dans une guerre civile tristement historique. Les Hutus et les Tutsis ont fait des ravages et plus de 300 000 personnes ont été tuées.  Maggy avait 36 ​​ans lorsque la guerre civile a éclaté et elle vivait près de Ruyigi dans le sud-est du pays, non loin de la frontière tanzanienne où les rebelles s’étaient réfugiés. Elle avait déjà adopté sept enfants, un mélange d’Hutus et de Tutsis.

Pendant une attaque qui prend pour cible son village, Maggy a été attachée à une chaise, dépouillée de ses vêtements, et forcée de regarder ses amis être violemment assassinés. La ville détruite, elle est allée à la chapelle en quête de réconfort, irritée et frustrée par les violences qui ont éclaté dans son pays et les milliers d’enfants, jusqu’à 700 000, qui sont devenus orphelins pendant la guerre qui a duré plus d’une décennie .

«J’ai pleuré, j’étais en colère. Pourquoi les frères et sœurs s’entretuent-ils? », s’était-elle questionnée. Si la réponse à cette question tardait à venir, Maguy a au moins décidé d’agir…  Elle venait d’être animée par l’idée de construire la Maison Shalom, qui signifie Maison de la Paix.

Mission salvatrice

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Ce qui a commencé comme un lieu de refuge pour un peu plus de deux douzaines d’enfants s’est transformé très tôt en un village entier, avec un centre de loisirs, une ferme, une école, un logement, un hôpital et même une auberge.

L’initiative a changé, non seulement la vie des orphelins, mais aussi l’ensemble de la communauté qui bénéficie désormais de l’accès aux services. Son succès, dit Maggy, est dans l’approche. À la Maison Shalom, c’est une approche holistique centrée sur la communauté. « La meilleure façon d’aider les enfants, efficacement et durablement, c’est de développer la communauté dans laquelle ils vivent », en a-t-elle fait son maitre-mot.

Alors que les services sont disponibles pour toute la communauté, l’accent est mis sur les enfants, dont certains sont derrière les barreaux. Dans cette dernière catégorie, ils sont plus de 400 sous l’aile de Maguy, tous âgés de moins de 16 ans. Certains d’entre eux sont nés là-bas, tandis que d’autres restent enfermés pendant des mois inconscients de leurs droits légaux. C’est ce qui a motivé l’un des projets les plus récents de la Maison Shalom, «Un coup de main pour les enfants», qui a déjà aidé des dizaines d’enfants.

Depuis 2005, dans sa communauté, des groupes ont été formés en menuiserie, en maçonnerie, en mécanique automobile, en fabrication de savon et en plomberie. Ceux qui choisissent de  se concentrer sur l’agriculture et l’élevage restent souvent à la ferme de la Maison Shalom.

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Barankitse a été reconnue pour son travail au Burundi en tant que récipiendaire du prestigieux prix de la Fondation «L’Ange de l’Afrique». Créée par Barry Segal en 2004, la fondation soutient des organisations de base, comme la Maison Shalom de Barankitse, et a accordé des subventions à des dizaines de personnes travaillant à travers l’Afrique. Mais pas que. Elle a reçu plusieurs autres distinctions, telles que le prix des Enfants du monde, le prix de la solidarité, prix pour la défense des personnes déplacées,  le prix Nansen pour les réfugiés, etc.

Toutefois, la Burundaise reste humble. « Ce n’est pas moi, c’est Dieu. Nous sommes sur le bateau et il est le capitaine », raconte la bienfaitrice à qui veut l’écouter. D’ailleurs, dit-elle, son travail est loin d’être terminé. Elle veut aider des milliers d’autres. « Je suis en mission », confie Maguy.

Mais ce travail a déjà inspiré d’autres pays voisins, avec des villages similaires établis dans d’autres parties de la région. Sa plus grande joie reste cependant la réconciliation entre les Hutus et ces Tutsis.

 

 

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