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Au Ghana, Chalkboard développe un système e-learning sans internet

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À l’heure du e-learning où les plateformes d’éducations deviennent de plus en plus légion, la startup Chalkboard aura le mérite de développer un programme d’e-learning à destination des universités consultable par textos.

C’est le contexte de création de cette startup qui séduit le plus. En Afrique, même si de plus en plus de personnes téléchargent des applications d’enseignement, le faible taux de couverture réseau et le coût relativement cher de l’Internet mobile, en dehors faible pouvoir d’achat qui ne permet pas à tous les étudiants d’avoir des smartphones constituent des écueils à la réussite de diverses initiatives numériques.

Pour contourner cet obstacle, Chalkboard une start-up au Ghana, a développé un système basé sur la technologie des SMS pour permettre à leurs cours d’être accessibles au plus grand nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles.

« Il y aura, 150 millions de jeunes à former d’ici cinq ans en Afrique. Dans les conditions actuelles (infrastructures, moyens humains), c’est mission impossible. Des milliers d’entre eux resteront forcément sur le carreau. Il y a donc un besoin urgent de trouver des nouvelles façons d’éduquer, de former aux divers métiers. Et l’e-learning permet de répondre à ce besoin », explique Adrien Bouillot, créateur et cofondateur de Chalkboard. Et de faire comprendre qu’il « s’agit de fournir du contenu grâce à la technologie la plus inclusive, de sorte à mettre tout le monde à bord. C’est la seule façon de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur, et c’est pourquoi notre solution conçue au Ghana est adaptée à l’Afrique. »

Success Story

« On utilise la technologie SMS ou la technologie USSD qui nous assure une couverture universelle et qui permet à nos étudiants de façon très concrète de suivre des cours, répondre à des exercices… Votre professeur peut suivre votre activité à tout moment et à la fin du semestre vous aurez des crédits officiels et vous obtiendrez un diplôme », explique Adrien Bouillot.

Quelque temps après le lancement, la startup a connu une phase pilote plus que satisfaisante. Sur fonds propres, l’application a été développée en France. Sa première version est testée avec l’université du Ghana, à Accra, où un professeur de français joue le jeu, en mettant à disposition ses cours.

Les étudiants de l’Université du Ghana ont eu un « taux de rétention de 100% » lors du projet pilote et tous les étudiants ont également remis leurs devoirs à temps.

« C’est incroyable, étant donné qu’en Afrique, un étudiant sur deux échoue avec les solutions actuelles d’apprentissage en ligne. Nous sommes particulièrement fiers des excellents résultats de la classe: ils ont obtenu une note moyenne de 23/25 à mi-parcours, ce qui est beaucoup plus élevé que l’examen similaire de l’année précédente », se réjouissent les concepteurs.

En effet, quand la startup a été lancée en 2015, elle n’était qu’une petite boîte vouée, comme la plupart des startups en Afrique, à ne probablement pas faire long feu. Adrien qui étudiait en France était revenu à Accra pour cela, accompagné de quelques camarades. Désormais, son application convainc les  grandes universités ghanéennes, et au-delà.

« Ce que nous avons construit avec l’Université du Ghana ne sera peut-être qu’un premier pas, mais les résultats et l’influence que nous avons acquise sont plus qu’encourageants. Nous ne nous arrêtons pas ici », se félicite le jeune entrepreneur. Son équipe, composée aujourd’hui de neuf personnes, est jeune et cosmopolite. Tous ont moins de 30 ans et viennent de France, de Madagascar, du Kenya, du Ghana, du Nigeria et de Côte d’Ivoire.

Mais, au-delà de ces différents aspects, le projet s’inscrit dans une dynamique économique également. Parce que le e-learning, c’est aussi un marché annuel de 500 millions de dollars en Afrique. « Notre but est donc d’avoir une activité qui impacte positivement la société et qui, bien sûr, rapporte aussi de l’argent, car nous ne croyons pas du tout à la charité sur le long terme » clarifie Adrien.

La start-up vise une rentabilité globale dans cinq ans, tout en étant rentable sur chaque pays où elle est présente au bout de deux ans. D’ici là, Chalkboard prépare surtout une collecte de fonds dans les prochains mois afin de recruter et de s’installer prochainement au Burkina Faso, au Kenya et au Nigeria. Sinon, de conquérir tout le continent africain à long terme.

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