Gouvernance RD Congo Il y a 57 ans, Patrice Lumumba fut assassiné [Sa dernière lettre] Posté il y a 20 janvier 2018 9 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Plus de 57 après sa mort, Patrice Émery Lumumba reste dans les mémoires. Homme politique congolais et premier Premier ministre de la République démocratique du Congo indépendant, ce panafricaniste a été assassiné en janvier 1961, à l’âge de 36 ans. Ces dernières heures aux mains des soldats du chef d’État-major Joseph-Désiré Mobutu, qui prendra plus tard le pouvoir à la suite d’un coup d’État, a été filmée. Dans l’assassinat de cet esprit brillant du continent, beaucoup continuent d’indexer les États-Unis, les Nations-Unies et l’ancienne colonie belge. Pour les héritiers de Lumumba, l’ancien homme politique était un visionnaire. Lumumba a transformé le pays en trois mois dans le bureau et il a fortement plaidé en faveur d’une Afrique unie jusqu’à sa mort. Il est considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Afrique postcoloniale et un défenseur clé dans le mouvement panafricain. Son combat contre le colonial et son alliance à un moment donné avec l’Union soviétique sont quelques raisons pour lesquelles les « alliés occidentaux » ont refusé de l’aide durant la crise du Congo. Il a écrit beaucoup de lettres pendant son temps en prison aux dirigeants politiques, des amis et la famille exprimant son inquiétude sur la situation de son pays et son espoir de libération. Pour se rappeler cet illustre homme politique qui avait un projet de réussite pour l’Afrique, Afrotribune vous propose la dernière lettre qu’il a écrite à sa femme Pauline en 1960 avant d’être assassiné. Ma compagne bien-aimée, Je t’écris ces mots sans savoir si tu les reçois, quand tu les recevras, et si je serai encore en vie lorsque tu les lis. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant que la cause sacrée à laquelle mes camarades et moi avons consacré toute notre vie triomphera à la fin. Mais ce que nous voulions pour notre pays — son droit à une vie honorable, à la dignité parfaite, à l’indépendance sans restrictions — n’a jamais été voulu par le colonialisme belge et ses alliés occidentaux, qui ont trouvé un soutien direct et indirect, intentionnelles et non intentionnelles chez certains hauts fonctionnaires des Nations Unies, ce corps dans lequel nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel pour l’aide. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes ; ils ont acheté d’autres ; ils ont fait leur part pour déformer la vérité et souillent notre indépendance. Que puis-je dire d’autre ? « Ce mort ou vivant, libre ou en prison par ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui est importante. Ce qui est important est le Congo, notre pauvre peuple dont l’indépendance a été transformée en une cage, avec des gens qui nous regardent de l’extérieur des barres, parfois avec compassion charitable, parfois avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens dans mon cœur que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis, étrangers et nationaux, qu’il se lèvera comme un pour dire non à la honte et à la dégradation du colonialisme et retrouvera sa dignité à la pure lumière du jour. Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés dans tous les coins du monde resteront toujours à côté des millions de Congolais qui ne renonceront pas à la lutte jusqu’au jour où il n’y aura plus de colonisateurs et plus de mercenaires notre pays. Je veux que mes enfants, que je laisse derrière moi et peut-être ne reverrai plus, disent que l’avenir du Congo est beau et que leur pays leur compte, comme l’entendent tous les Congolais ; accomplissent la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance, notre souveraineté ; car sans justice, il n’y a pas de dignité et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres. Ni les assauts brutaux, ni les mauvais traitements cruels, ni la torture ne m’ont conduit à demander grâce, car je préfère mourir avec ma tête haute, la foi inébranlable, et la plus grande confiance dans la destinée de mon pays plutôt que de vivre dans l’esclavage et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot ; il ne sera pas l’histoire enseignée dans les Nations Unies, Washington, Paris ou Bruxelles, cependant, mais l’histoire enseignée dans les pays qui se sont débarrassés du colonialisme et de ses marionnettes. L’Afrique écrira sa propre histoire et au nord et au sud du Sahara, il sera une histoire pleine de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne ; Je sais que mon pays qui souffre maintenant beaucoup sera en mesure de défendre son indépendance et sa liberté. Vive le Congo ! Longue vie à l’Afrique ! Patrice