Accueil Afrique de l'ouest Guinée Domingo Té: ce prêtre qui voue sa vie à la lutte contre la toxicomanie en Guinée-Bissau

Domingo Té: ce prêtre qui voue sa vie à la lutte contre la toxicomanie en Guinée-Bissau

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Il y a dix ans, les Nations Unies ont qualifié la Guinée-Bissau de premier narco-État africain. Un point d’entrée pratique en Afrique de l’Ouest avec un gouvernement chroniquement instable, le pays est devenu une terre fertile aux cartels de la drogue de l’Amérique latine fournissant le marché européen en pleine croissance. Dans le lot, Domingo Té, un prêtre catholique mène sa bataille.

Domingo Té, âgé de 51 ans, est fondateur d’un centre de désintoxication. Il est à l’avant-garde de la crise de son pays, alors qu’un flot ininterrompu de drogues traversant l’Afrique de l’Ouest affecte les Guinéens à une échelle sans précédent.

Si les responsables bissau-guinéens font désormais allusion à une diminution des drogues qui traversent le pays, une quantité significative ne s’en sortira jamais, et la toxicomanie est toujours à la hausse. Pourtant, il n’y a pas d’aide financée par l’État pour les jeunes ayant des problèmes de toxicomanie et le seul hôpital psychiatrique du pays, le centre de la Jeunesse de Quinhamel, ne garde pas les patients pendant plus de trois jours.

Au cours des 15 dernières années, sur une population totale de 1,8 million d’habitants, plus de 3 800 Bissau-Guinéens sont passés dans ce centre, dont environ les trois quarts luttent contre la toxicomanie.

De l’urgence

« C’est une urgence. L’État ne fait rien, alors nous devons le faire », dit Té. L’ampleur du problème lui est apparue dans un « ordre de Dieu ». Fils de cultivateurs de riz et de haricots dans les campagnes bissau-guinéennes, il n’avait pas pu aller à l’université quand il était jeune: il n’y en avait tout simplement pas dans le pays à l’époque. Il a passé trois ans à étudier la toxicomanie et la psychiatrie dans un centre de formation technique au Portugal et obtient en fin de compte un diplôme en travail social dans son pays.

Depuis, les connaissances de Té lui permettent d’aider avec le conseil et la thérapie de groupe, de jeunes sous dépendance de la drogue. Le travail de groupe aide les patients qui ont souvent été aliénés de leurs familles et de leurs amis à tisser des liens sociaux, premier pas vers la réinsertion dans la société. Le centre met également l’accent sur les enseignements chrétiens, avec l’étude de la Bible, la messe et les chants religieux.

« Nous adaptons notre modèle de travail à la réalité ici en Guinée-Bissau », dit-il. Cela signifie un budget très serré: chaque patient doit débourser environ 2,50 dollars par jour, ce qui couvre la nourriture, l’hébergement et les déplacements hospitaliers si nécessaire. Cela signifie également plus de soutien de la part des familles » explique le pasteur.

Mais alors qu’une approche sociale et spirituelle de la réadaptation a aidé beaucoup de gens à trouver leur emploi, Té n’est pas un psychiatre. Il accepte des personnes de tous les milieux et de toutes les religions, mais son but est clair: « Je suis pasteur, donc je dois amener les gens à Dieu.»

Avec des fonds limités, il se concentre de plus en plus sur la spiritualité, plutôt que de la formation et de l’éducation. Avec plus d’argent, dit Té, il aimerait ouvrir une salle de classe pour offrir une formation professionnelle en charpenterie, en maçonnerie et en TIC afin de permettre à ses patients de commencer une carrière enrichissante et durable. Il aimerait également ouvrir deux ou trois autres centres dans l’est du pays pour répondre à la demande croissante.

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