Nigeria Tech & Innovation Inclusion numérique: le combat de Gbenga Sesan, figure de proue du Nigéria 2.0 [Acte 1] Posté il y a 29 septembre 2018 10 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Elle est bien loin la prospérité dont rêvaient les pères de l’indépendance en octobre 1960. Cinquante-huit ans après son ascension à la souveraineté internationale, le pays le plus peuplé d’Afrique — et l’un des plus riches du continent africain peine à réussir le pari de la transition vers un modèle économique plus vertueux. Colosse aux pieds d’argile rongé par la corruption, les rivalités ethniques et les antagonismes politiques, le Nigéria s’essaie aujourd’hui à une révolution numérique à Yaba, un faubourg situé au cœur de la mégalopole. Gbenga, ténor de la Silicon Valley du Nigéria À première vue, Yaba ressemble à ces nombreux quartiers surpeuplés de la capitale commerciale du Nigéria. La seule différence est qu’à côté de la cacophonie des klaxons et les rues à la puanteur des eaux usées, se développent des jeunes « Tech entrepreneurs » et des centres d’incubations qui y déploient leurs génies pour davantage connecter le pays à l’innovation. Connu comme la Silicon Valley du Nigéria, c’est dans ce quartier vétuste de Lagos que Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook a posé ses valises en 30 août 2017 pour s’imprégner de l’univers de l’informatique du pays. L’un des plus importants centres de ce quartier colonial est Paradigm Initiative., un centre fondé en 2007. Spécialisée dans l’accompagnement de jeunes Nigérians souhaitant acquérir des compétences techniques dans le domaine informatique, l’ONG dont le siège social est perché sur l’une des vieilles bâtisses de l’avenue Montgomery est dirigée par Gbenga Sesan, un ancien étudiant de l’université Obafemi Awolowo L’homme a fait de l’inclusion numérique son cheval de bataille depuis une décennie. Initialement formé en tant qu’ingénieur électricien et électrique, l’homme a suivi plusieurs programmes de formation au Lagos Business School, à l’université d’Oxford, à l’université de Stanford et d’autres universités américaines. Son expérience de consultant pour de nombreuses institutions, notamment Microsoft, l’Université de Harvard et le système des Nations unies à travers 30 pays, lui a permis de glaner des contacts viables pour accompagner l’éclosion numérique des jeunes de son pays, le Nigéria. Donner l’opportunité aux jeunes à travers la technologie Avec plusieurs centres de formation installés dans trois États du pays et accompagnés par une vingtaine d’experts, l’homme forme des centaines de jeunes nigérians par an et assiste plusieurs start-ups technologiques qui prennent racine. Les jeunes bénéficient d’un appui logistique de Paradigm Initiative et des formations axées sur des problèmes africains pour créer des opportunités dans des domaines tels que les paiements mobiles et le commerce électronique, l’éducation et la santé. « Nous donnons de l’opportunité aux jeunes pour bâtir leurs avenirs à travers la technologie. Nous avons été privés de ces opportunités quand nous étions jeunes et il est de notre devoir de donner la chance à nos jeunes frères et sœurs », explique l’ingénieur Gbenga. Il affirme avoir lui-même été à plusieurs reprises interdit d’accès à des salles informatiques alors qu’il était encore étudiant en ingénierie dans ce pays de 170 millions d’habitants. Ces « rejets ont boosté ma passion et ma curiosité pour les nouvelles technologies, » martèle l’homme confortablement installé au milieu d’une dizaine d’employés au siège de son organisation. « Nous savions que l’écosystème des start-ups et des entreprises était vraiment florissant à Yaba et d’autres localités du pays, nous nous sommes donc installés pour former les jeunes et leur ouvrir les portes de l’emploi, » renchérit Tope Ogundipe, directrice de programmes au sein de l’ONG. « Nous pensons que les nouvelles technologies ne sont pas un luxe inaccessible. C’est un droit », ajoute-t-elle. Revenant sur les initiatives de ce géant en faveur des jeunes à travers le pays, Tope a indiqué que Paradigm Initiative développe au niveau national une série de programmes destinés à la jeunesse et dont l’objectif est de lui donner plus de projection. « Nous voulons promouvoir et rendre les nouvelles technologies accessibles aux jeunes, notamment ceux en situation précaire dans les zones les moins développées et localités les plus éloignées », a-t-elle déclaré. L’avenir dans la technologie Avec ses 170 millions d’habitants, le Nigéria compte 75 millions d’abonnés mobiles, tandis qu’entre 20 et 40 % de sa population est reliée à l’internet. Avec son programme d’incubation et de formation et des clubs technologiques implantés dans les lycées et universités à travers le pays, Paradigm Initiative propose aux jeunes nigérians les plus motivés un coaching personnalisé, des facilités logistiques et l’accès à des réseaux d’investisseurs, d’entreprises et d’experts. Le centre a noué des partenariats avec plusieurs multinationales technologiques comme Google, Facebook, Intel ou Web Fondation pour accompagner ses projets. Les jeune diplômée des centres de Paradigm Initiative passent 3 mois à maîtriser les techniques de base de l’informatique, les langages de programmation, l’entrepreneuriat et des cours de développement personnel avant d’être affectés auprès d’entreprises technologiques, des PME locales pour des stages et quelquefois des emplois à plein temps. En cette fin d’été 2018, 105 étudiants âgés entre 12 et 28 ans sont enrôlés à travers le pays dans le programme dont la formation est entièrement gratuite. Entre espoir et optimisme, Gbenga et son équipe réussissent le pari d’un Nigeria 2.0. À suivre.