Accueil Afrique de l'ouest Bénin Liqueurs, sel, cola, ‘contrôle du drap’: comprendre le mariage au Benin

Liqueurs, sel, cola, ‘contrôle du drap’: comprendre le mariage au Benin

13 min de lecture

Au Bénin, comme dans d’autres communautés africaines fortement attachées aux valeurs culturelles, le mariage reste, malgré les vagues d’innovation et d’éducation nouvelles, « une institution privilégiée ».

Au Bénin, c’est bien connu. Ne se marrie pas qui veut. Les vents de l’esclavage qui ont fortement touché les communautés béninoises et ceux de la colonisation n’auront pas raison de modes d’unions. Et ce, même si les communautés ont enregistré à la suite de ces périodes une sorte d’ouverture. On continue par exemple la pratique de la dot, même si de plus en plus de voix s’élèvent pour son abolition.

La dot, contre vents et marées

Dans la tradition béninoise, la dot porte un sens assez significatif pour les foyers. Si elle est le symbole de l’amour entre les deux partenaires, cet acte est également, gage d’une union entre les familles. Selon nombre d’observateurs, l’acte dotal représente aussi un signe de gratitude de la famille du marié envers celle de la mariée.

Cette cérémonie assez particulière se déroule en deux étapes. Une première qui se veut celle de la connaissance des parents, et la seconde, la dot proprement dite, qui consiste à apporter à la famille de la fille une liste de biens. Une étape après laquelle la demoiselle devient une épouse légitimement reconnue. De fait, la dot est comme une obligation sociale et morale qui consacre une union. Et c’est bien connu qu’au Bénin, au cas où le mariage n’est pas célébré en respectant préalablement ce rite traditionnel, le couple s’expose à des malédictions.

Le mariage, une affaire fortement culturelle

Le mariage, dans les sociétés béninoises, revêt plusieurs formes et des spécificités selon les différents groupes socioculturels. Au sud du pays par exemple chez les communautés yorouba, surtout les chefs de collectivités, les démarches qui amènent à l’union de deux familles sont toujours l’œuvre des parents. Dans cette communauté, il arrive également que le choix des futurs époux soit fait par les parents, plutôt que les concernés.

Dans cette démarche, la procédure n’est pas aisée. Le chef de la collectivité du jeune homme envoie demander la main de la jeune fille chez le chef de sa collectivité. Après cette première démarche, les parents de la jeune fille donnent un délai de 15 jours pour réfléchir et interroger leur fille. Ils reviennent ensuite avec 4 bouteilles de liqueurs qui sont acceptées ou rejetées selon la réponse de la jeune fille.

Lors de la première rencontre avec les parents, deux liqueurs importées « Houhan » (littéralement, boisson venue à bord d’un bateau) et « lihan » (boisson venue par la route) en référence aux liqueurs de fabrication locale, en plus du sel et le tabac sont essentiels et suffisent dans la grande partie à sceller l’union des deux familles.

Déroulement de la dot

Mariage traditionnel - Crédit photo : kongossa.mondoblog.org

S’agissant du mariage, c’est aux épouses des cousins et frères du jeune homme que revient la mission d’aller chercher la nouvelle épouse pour une insertion dans la famille. Après discussions, l’épouse est confiée à une de ses tantes, généralement la plus âgée du groupe, chargée de la guider. Avant son entrée dans la maison conjugale, une calebasse d’eau est toujours versée à l’entrée en guise de paix et de fécondité.

Image result for dot pour le mariageEnsuite suivent d’autres étapes. Notamment, celle du « contrôle du drap » pour vérifier si la mariée est arrivée vierge ou pas, de même que celle dite du « balayage », cinq jours après le mariage.

En outre, le jour de la dot, des liqueurs ont une importance capitale. Principalement,  «Du bonnet» que les Fon appellent, « Assédékon » pour dire, « sous la protection du chat ». À entendre par là que l’époux est le chat qui doit protéger sa femme.  De même, les volailles constituent aussi un symbole clé de la cérémonie de dot. Elles sont équitablement réparties entre les deux grandes lignées de la fille, qui s’arrangent pour que l’offrande aux ancêtres se fasse le même jour.

Le Cola et le sel… pour la paix

Image result for noix de cola

Dans différentes régions du Bénin, le sel et la noix de cola sont des éléments d’une grande importance pour le mariage traditionnel. Ils sont exigés par la famille de la mariée lors de la dot.

Pour Félix Iroko, Professeur d’histoire à l’Université d’Abomey-Calavi, le sel dans les sociétés béninoises entre dans la dot pour la « rehausser l’évènement afin qu’il ne soit pas fade. ». Celui-ci explique que « ce qui est recherché, ce n’est évidemment pas la valeur marchande du sel, valeur tout à fait dérisoire, mais sa valeur symbolique est destinée à rendre heureuse l’union. La sauce sans sel est fade », tente de convaincre le professeur.

Related image

De même, la noix de cola n’est pas un produit négligeable dans le processus de mariage. Dans le milieu Baatônu, elle est comme un code d’expression pour approuver une union. « Sans cola, les parents ne s’ingèrent pas dans les problèmes à venir. Une fois le présent accepté, aucun des deux concernés ne pourra plus se marier avec un autre partenaire parce que les deux sont désormais considérés comme un couple marié. Il n’y a d’ailleurs pas de divorce chez les Baatônù » explique le professeur Léon Banni Bio Bigou, spécialiste de la culture Baatônù et enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi.

En dépit de la modernité d’aujourd’hui, ce sont des principes qui continuent largement d’être pérennisés dans la culture béninoise.

Une pratique évolutive

Image result for traditions a bride price ghana

Au Bénin, tout mariage célébré sous la coutume religieuse ne peut avoir d’effets légaux, c’est-à-dire ne peut-être protéger ni bénéficier des avantages de la loi, comme le droit de succession.

« Vous pouvez prendre 40 femmes si vous voulez, mais sachez que si vous mourez, c’est la femme mariée à l’état civil qui va jouir seul du droit de succession, toutes les autres n’auront rien », explique Rosine Vieyra-Soglo, ex-Première dame du Bénin et députée l’Assemblée nationale.

En clair, dans le pays, si le code n’interdit pas la polygamie, il accorde aussi tout de même d’autres droits très importants aux femmes, en supprimant notamment le mariage forcé et le lévirat, deux pratiques coutumières dont elles ont été longtemps victimes.

Le code autorise également la femme à « garder son nom de jeune fille auquel elle ajoute le nom de son mari », ce qui n’était pas le cas auparavant. Les choses ont légèrement évolué.

Image result for bride price ghana

Charger plus d'articles liés
Charger plus par Emmanuel Vitus
Charger plus dans Bénin
Les commentaires ont été désactivés.