Choix de la Redaction Togo Au Togo, les chercheurs misent sur le cactus pour traiter les eaux usées Posté il y a 16 décembre 2017 6 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Une étude réalisée par un chercheur togolais de l’Université de Lomé a permis d’identifier le phosphate naturel et l’eucalyptus (plus connu sous le nom de cactus) comme biomatériaux locaux pouvant entrer dans le traitement des eaux usées. Les résultats de cette étude publiés dans la revue scientifique Journal of Materials and Environmental Science (JMES) révèlent que l’usage du phosphate naturel et de la poudre de cactus comme sorbant permettent de réduire de façon considérable les charges polluantes des eaux usées. « Nous avons utilisé le phosphate naturel à proportion de 4 g par litre d’eaux usées au cours de nos travaux, ce qui nous a permis d’observer une diminution de 98 % de la charge polluante. Dans le cas du cactus, les résultats ont indiqué un taux de rétention de 72 % des polluants organiques ou non », a expliqué Degbé Koffi Agbégnigan l’auteur de l’étude à Afrotribune. Selon lui, l’utilisation du cactus reste, néanmoins, la technique la plus facile à mettre en œuvre dans le traitement des eaux usées en raison du coût onéreux du phosphate naturel. Enjeu agricole Pour le professeur Gado Tchangbédji, responsable du Laboratoire de Gestion, Traitement et Valorisation des Déchets à l’Université de Lomé, les résultats de cette étude ouvrent d’autres perspectives non seulement dans le domaine de l’accès à l’eau potable, mais aussi dans la promotion de l’agriculture durable. « Le traitement des eaux usées par méthode de sorption permet de recueillir des matières organiques pouvant entrer dans la fabrication des engrais utilisables dans le secteur de l’agriculture. D’un autre côté l’eau recueillie peut subir un traitement chimico-biologique pour en vérifier les contenants nutritifs à des proportions autorisées par l’OMS. L’objectif est de la reverser dans le circuit de la consommation », explique-t-il. Car, précise le chercheur, l’explosion démographique dans les villes africaines risque d’augmenter considérablement les productions d’eaux usées, mais aussi les besoins en eaux potables. Solution économique À l’instar de plusieurs autres pays de l’Afrique subsaharienne, le Togo ne dispose pas encore de station de traitement des eaux usées. Une enquête réalisée par la Direction de l’Environnement en 2010 estime à 0,0832 m3 la quantité moyenne d’eaux usées produites quotidiennement par habitant à Lomé, la capitale togolaise. Les pathologies imputables au non-traitement de ces eaux sont à l’origine de 50 % des consultations dans l’ensemble des formations sanitaires publiques de la ville, précise l’enquête. Selon Mandibezi Kazimna, géographe au ministère de l’Environnement et des Ressources forestières, le traitement à base des matériaux locaux reste la meilleure option de gestion des eaux usées dans les pays de l’Afrique subsaharienne en général et au Togo en particulier du fait de son avantage économique. « Généralement c’est le coût élevé de mise en place et de l’opérationnalisation des stations d’épurations des eaux usées qui freinent leur construction dans les pays africains. Or les matériaux locaux sont naturellement disponibles et souvent à faible valeur économique comme dans le cas du cactus qu’on retrouve dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne » conclut le géographe.