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Bénin: Talon, la grande guerre contre la corruption

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Nouveau départ, Rupture, les qualificatifs illustrent assez nettement le travail que compte accomplir Talon à la tête du Bénin. Depuis quelque temps, le chef de l’État béninois a déballé l’un des dossiers les plus attendus par sa population. Titre : corruption et impunité.

La lutte contre la corruption s’est révélée comme l’un des combats permanents des gouvernements béninois depuis les années 1990. Au cours de son quinquennat entre 1991 et 1996, le Président Nicéphore Soglo avait promis la vie dure aux fossoyeurs de l’économie nationale. De même, au temps de la présidence de Boni Yayi (2006-2016), celui-ci s’est lui aussi illustré comme étant un ardent défenseur de la lutte contre la corruption et l’impunité. Pour d’ailleurs manifester publiquement son plein engagement, Boni Yayi avait été au chœur de l’organisation d’une marche verte de plusieurs kilomètres dans la ville de Cotonouafin de dénoncer ce fléau. Mais en vrai, il n’a jamais tapé dans la fourmilière au moment où il fallait le faire. A la différence des mesures de ces prédécesseurs, désormais, la méthode de Talon semble être une chasse aux sorcières.

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Et il faut reconnaitre que dans ce registre de la mise en œuvre effective des mesures pour la lutte contre la corruption au Bénin, Patrice Talon fait actuellement beaucoup mieux que ses prédécesseurs souvent restés à l’étape des discours légers. L’actuel locataire du palais de la Marina sévit dans ses punitions. Les sanctions ne sont pas du tout clémentes et on comprend que si le Chef de l’État devait se limiter à un seul mandat comme promis, il souhaiterait avoir comme principal acquis, la bonne gouvernance et une gestion saine du Bénin.

Capitaine anticorruption

Promesse de campagne, au Bénin, le successeur du président Yayi Boni veut mener une guerre sans merci contre la corruption et autres formes de fraude dans ce pays. Même si Patrice Talon aime épingler ce mal dans son pays, mal qu’il avait juré combattre et redresser avant la fin de son mandat, le Bénin n’est bien sûr pas un cas d’école en la matière.

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En effet, au Bénin l’écart grandissant entre le cadre légal et la pratique institutionnelle réelle a été relevé comme une faiblesse majeure du système d’intégrité du Bénin en 2016 par Transparency International, le mouvement mondial anticorruption. Selon ce mouvement, la loi anticorruption du pays adopté en 2011 souffre d’incohérences dans son application. Gustave Assah, Président de Social Watch Benin, contact national de Transparency International affirme que « le problème du Bénin n’est pas l’absence de textes et d’institutions anticorruptions. C’est plutôt l’application de ces textes et l’efficacité de ces institutions qui fait défaut. Une forte volonté politique au plus haut niveau de l’état est nécessaire pour combler cet écart ». Et c’est cela que Talon compte faire.

Récemment, plusieurs enquêtes diligentées aussi bien par les partenaires financiers que par les autorités ont démontré que cette gangrène fait perdre d’importantes sommes au Bénin.

Lutte acharnée

Le gouvernement du Nouveau départ qui a inscrit la question de la lutte contre la corruption et l’impunité en lettres d’or dans son projet de société entend faire un grand ménage. Si au sein de la société civile des voix s’élèvent pour parler de lutte sélective, Talon ne compte pas se décourager de sitôt.

En effet, l’audit dans les structures et entreprises publiques récemment commandité par le gouvernement béninois est fortement révélateur, de même que les résultats. Ces résultats ont montré que plusieurs lacunes existent dans la gestion des fonds, particulièrement dans les secteurs du coton et de la microfinance. Selon cet audit, la gestion de la filière des cotons par le gouvernement de Yayi Boni a causé sur trois campagnes ciblées, une perte évaluée à 125 milliards de francs CFA.

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Du côté des microfinances, la gestion du Fonds national de la microfinance (FNM) au titre des exercices 2013-2016 est sujette à beaucoup d’anomalies également. « De graves irrégularités ont été relevées dans la gestion du Fonds, ayant occasionné des pertes de ressources publiques à hauteur de 40,6 milliards de FCFA », révèle la mission d’audit organisationnel, comptable et financier du FNM au titre des exercices 2013-2016. De ces irrégularités, sortent certaines sanctions que d’aucuns commencent par trouver justes, mais dures.

C’est le cas par exemple de la Soneb (Société nationale des eaux du Bénin) où, il est reproché aux autorités de cette société d’État que des centaines de millions Taxes sur valeur ajoutée (TVA) perçues auprès des abonnés n’étaient pas reversées au Trésor public.

Le cas de Laurent Mètongnon, ancien président du conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est aussi bien illustratif.

Activisme au service de la lutte

Les initiatives de lutte contre la corruption sous le président Talon ne sont pas rares.

Ce 15 décembre d’ailleurs à Cotonou, des membres d’un programme de jeunes unis contre la corruption ont procédé dans au lancement d’un manifeste de 63 pages du titre « La corruption racontée », et de l’application « Anticorr ». Objectif, inviter les jeunes Béninois dans le débat sur la corruption pour une prise de conscience afin devenir des vecteurs de pratiques de bonne gouvernance et d’éthique au Bénin.

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Ce manifeste est préfacé par le Pr Brice Sinsin, recteur de l’université d’Abomey-Calavi. Il contient 10 articles originaux de jeunes de nationalités béninoise, sénégalaise et nigérienne, de même que des propositions de pistes de travail et de réflexions pour apporter des solutions à la corruption. De même, l’application « Anticorr » qui veut intégralement dire « anticorruption », se veut un outil de dénonciation des actes de corruption et d’information sur l’état du fléau au Bénin. L’application donne la possibilité de voter, de commenter, d’identifier les institutions et les régions les plus probablement corrompues, de consulter les textes juridiques sur la corruption au Bénin.

En outre, depuis l’arrivée de Talon à la tête de l’État béninois, l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC) parait faire un travail plus remarquable, après une année 2016 où elle a visiblement connu une baisse de régime.

Pour le moment, Talon espère mener son combat, conscient des conséquences et sans se plier aux volontés affligeantes, en attendant le prochain rapport de Transparency International sur l’année 2017. Ce rapport viendra surement couronner une grande guerre.

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