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Mali: À Ségou, un festival de musique inspire toute l’Afrique

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Chaque première semaine du mois de février, les rues de Ségou au Mali prennent vie. Les habitants de la capitale Bamako, affluent vers la ville secondaire pour échapper à l’agitation de la vie quotidienne et apprécier les couleurs du Festival qui se tient sur le long des rives du fleuve Niger.

Créé en 2005 par les entrepreneurs touristiques et culturels de Ségou, ce festival tiendra sa 14e édition en février 2018. En effet, au cours des 10 dernières années, Ségou, avec son patrimoine architectural, son artisanat créatif et son paysage naturel, s’est imposée comme la capitale culturelle du Mali. Un évènement qui est devenu un succès parce que le gouvernement local, les artistes locaux et les acteurs plus larges de la société civile ont travaillé ensemble pour créer une politique de développement culturel axée sur le développement économique local durable. Les programmes artistiques et culturels ont été conçus et mis en œuvre collectivement, en tirant parti des ressources des institutions locales.

Cette politique locale vise à long terme, le bien-être des résidents de Ségou. Une politique qui est basée sur l’identité culturelle spécifique de la ville et l’apport des opérateurs et entreprises culturels locaux.

Mais comme le montre le parcours de Ségou, il existe un autre moyen de gérer et de nourrir l’économie créative urbaine. Aujourd’hui, quatre autres villes du continent suivent l’exemple de Ségou. Ils travaillent à l’élaboration de politiques et de programmes culturels qui rassemblent les objectifs du développement économique local durable, de la diversité culturelle et de la cohésion sociale.

Sur les pas de Ségou

Au festival de Ségou, les attractions portent sur les danses et des spectacles traditionnels, des pièces de théâtre et des vitrines musicales. Mais aussi une foire régionale d’art d’Afrique de l’Ouest, des résidences artistiques, des expositions d’arts visuels et un colloque. Les événements spontanés deviennent fréquents dans les hôtels et les restaurants.

Le projet Ségou Creative City est une autre initiative organisée par la Fondation qui porte le même nom. Il se déroule en collaboration avec les autorités locales de la ville à travers un partenariat public-privé initié par les populations locales des secteurs de l’art, de l’artisanat, du tourisme et de l’économie, appelé Conseil pour la promotion de l’économie locale de Ségou.

Ce conseil se concentre sur quatre domaines clés : la musique, les arts visuels, le design, la mode et les patrimoines. Il a élaboré un plan global pour le développement culturel durable de la ville. Un plan qui inclut, par exemple, une étiquette certifiée Ségou Woven Loinclothes pour la préservation et la promotion du pagne tissé et du coton du Mali. Dans ce même cadre, un centre unique, le Centre Kôré a été ouvert. Il dispose d’une bibliothèque d’art, d’une salle de conférence, d’une scène extérieure et d’un studio d’enregistrement. Il a également lancé la Biennale Ségou Art en 2016, une foire qui promeut l’art visuel.

L’expertise de Ségou

En Afrique, Ségou et son Festival sur le Niger ont inspiré bien d’autres villes comme Harare (Zimbabwe), Mahé-Victoria (Seychelles), Nouakchott (Mauritanie) ou encore le Pointe Noire (République du Congo). Chacun de ces villes a sa propre identité culturelle spécifique à promouvoir et à préserver. Et bien sûr, chacun a ses propres défis distinctifs. Harare a des espaces culturels innovants dans le théâtre, la musique et la sculpture. Mais le soutien du gouvernement local et les politiques pour les arts et la culture n’ont pas changé depuis 1979. À Mahé-Victoria, la créativité culturelle historiquement riche a tendance à être éclipsée par la beauté naturelle de l’archipel tandis qu’au Pointe-Noire, l’image d’une ville pétrolière industrielle a souvent caché une vie cosmopolite dense et une scène des arts visuels.

Nouakchott par ailleurs est culturellement changeant. Mais la ville demande encore plus d’espaces d’expression et de rencontres pour son héritage culturel multiple et ses traditions vivantes.

En effet, les programmes développent les marchés culturels à travers les frontières nationales en créant des partenariats professionnels et des circuits touristiques pour des productions artistiques. Ces villes ont déjà échangé des représentations théâtrales et musicales ainsi que des expositions d’arts visuels.

Avant tout, le programme vise à aider les quatre villes pilotes à développer leurs propres politiques culturelles urbaines, en s’appuyant sur les leçons importantes de Ségou. Des séminaires et des ateliers dédiés à la description des identités culturelles de chaque ville ont eu lieu cette année. Une équipe de travail et une commission consultative ont été identifiées pour chaque ville. Les rôles et les responsabilités ont été attribués à chaque membre en fonction de son expertise. D’autres échanges artistiques et sessions de renforcement des capacités suivront en 2018. L’objectif est de renouveler l’expérience et de passer de cinq à dix villes à travers le continent pour un autre cycle de deux ans, et plus encore.

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