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Wikileaks révèle comment les USA ont évincé Robert Mugabe

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Après 37 ans de pouvoir, Robert Mugabé a démissionné, non sans pressions extérieures selon les révélations de Wikileaks. Le pays est repris en main par un de ses anciens fidèles. Une situation qui inquiète certains Zimbabwéens.

Jusqu’à présent, la chute de Robert Mugabé est expliquée par plusieurs observateurs comme la conséquence des ambitions démesurées de sa femme Grâce. A cela s’ajoute, la destitution du vice-président Emmerson Mnangagwa qui a provoqué l’intervention de l’armée. Mais la démission de Mugabé pourrait être liée à une cause lointaine. Un plan fomenté pour pousser dehors le nonagénaire président zimbabwéen selon Wikileaks. Des informations font état d’hommes d’affaires zimbabwéens réfugiés en Afrique du Sud qui seraient liés d’amitiés depuis 2010 avec des chancelleries occidentales pour évincer Robert Mugabé.

Parmi ces puissances étrangères, on peut retenir les États-Unis d’Amérique et même des personnalités des Nations-Unies. Des documents confidentiels le témoignent. Ils indiquent que dès 2007, les autorités américaines avaient approuvé le plan des hommes d’affaires zimbabwéens de forcer Mugabé à quitter ses fonctions pour rendre le pouvoir à son premier ministre. Expliquant qu’à Harare il y a avait déjà des volontés de voir Mugabé quitter le pouvoir.

À l’ambassade des États-Unis en Afrique du Sud le déroulement de ce plan se trouvait dans un document nommé « plan de partage du pouvoir ». « Les quatre hommes d’affaires ont reconnu qu’il y a une opportunité pour apporter le changement positif au Zimbabwe, concerné par la situation économique détériorée du pays et l’avancée de l’âge de Mugabe et sa santé déclinante », souligne le plan.

L’idée a été aussi approuvée par le Mouvement démocratique pour le Changement (MDC) parti politique de l’opposition qui estimait d’ailleurs qu’une action massive pouvait forcer le président à démissionner. La suite on la connait. Le Zimbabwe connaîtra en 2008 à sa tête une difficile cohabitation marquée par la nomination de Morgan Tsvangirai, leader du MDC, au poste de Premier ministre, après de violentes élections.

Les hommes d’affaires et les puissances occidentales expliquaient qu’il fallait obtenir progressivement le départ de Robert Mugabé pour donner plus de pouvoir à une autre personne qui doit faire renaître l’économie du pays. Le secrétaire général de l’ONU d’alors le Sud-Coréen Ban Ki-Moon et l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir avaient été recommandés comme médiateurs.

Même si ce n’est qu’en 2017 que Mugabé est déchu, il semble que plusieurs événements ont été provoqués et que le plan ait fonctionné. D’autant plus que sept ans après, le scénario s’est déroulé comme annoncée : un coup d’Etat sans effusion de sang. Malgré l’euphorie constatée, l’après Mugabé reste une équation difficile à résoudre. « Nous ne sommes pas convaincus d’un profond changement. Le même système continue », justifie un habitant de Harare.

Et après ?

Le désormais homme fort du Zimbabwe est l’ancien vice-président démis de ses fonctions par Robert Mugabé. Emmerson Mnangagwa qui n’était pas apprécié par le clan de la femme du président succède à fondateur de ma Zanu-PF. Mais que pourra réaliser cet ancien compagnon de Mugabé ? En réalité, le nouveau président zimbabwéen est un ancien combattant de la lutte pour la libération du pays. Surnommé « le crocodile », il a déjà été plusieurs fois ministres et était souvent considéré comme le successeur légitime de Robert Mugabé.

Pendant que l’on évoque une période transition qui devrait conduire le pays à l’organisation d’élections présidentielles, des questions sont soulevées sur le réel apport du crocodile. « C’était un intime de Mugabé. Il a pendant longtemps incarné le système de répression du pouvoir », commente un spécialiste du pays. Autant dire que ce n’est pas « un démocrate », ajoute-t-il. En 2008, plusieurs militants de l’opposition avaient subi la foudre de celui qui a déjà dirigé les services de renseignement du pays et occupé le portefeuille en charge de la Défense.

Au MDC, même si le départ de Mugabé reste une bonne nouvelle, un responsable du parti confie que « le changement doit continuer ». « Monsieur Mnangagwa n’est pas différent de son prédécesseur. Nous comptons lutter pour être au pouvoir », rassure-t-il. Certaines analyses font aussi état de la possibilité de voir le nouveau président « entrer dans la danse du changement ». Pour le prouver, il devra composer avec l’opposition pour la rassurer de ses bonnes intentions. « Pourquoi ne pas former un gouvernement d’union nationale pour conduire la période de transition ? », s’interroge un ancien diplomate européen.

De retour au pays après quelques jours d’exil en Afrique du Sud, Emmerson Mnangagwa a appelé ses compatriotes à œuvrer ensemble pour une nouvelle ère de démocratie au Zimbabwe. Cela devrait permettre au pays, de mieux faire face à son déclin économique. « Lutter contre le chômage, résoudre la question de la monnaie, réorganiser les secteurs économiques. Tout est à refaire », prévient un chercheur sud-africain. Mais le Zimbabwe peut compter sur certains pays qui l’ont déjà assuré de leur soutien. Comme le cas de la Grande-Bretagne qui compte travailler avec le pays dans son nouveau départ.

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Un commentaire

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