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Togo: la crise politique freine les activités du secteur informel

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Grand Marche de Lome

Plongé dans une crise politique depuis plus de deux mois, le pays voit ses activités économiques tourner au ralenti. Au point où le Fonds monétaire international a alerté les autorités sur les risques que court le pays.

Les remous politiques qui secouent le Togo depuis fin août impactent la vie économique du pays. Les conséquences directes de la crise ont été le ralentissement des activités commerciales et la fermeture des supermarchés à plusieurs reprises. Dans le pays, ce recul est décrié par les commerçants. Ces derniers confient avoir eu un chiffre d’affaires en deçà des prévisions du mois écoulé. « Les ventes ont baissé avec beaucoup de manque à gagner. On était obligé de subir parce qu’on ne pouvait pas ouvrir », explique la gérante d’un supermarché. « L’impact économique de la crise est ressenti par la population à la base », soulève un économiste togolais, enseignant chercheur à l’Université de Lomé. Ce dernier explique que la crise politique et les journées « Togo mort » freinent les activités du secteur informel.

Autre point négatif, des commerçants et acheteurs étrangers qui ont ralenti leur présence à Lomé la capitale. Fernand qui vend depuis cinq ans des chaussures au marché d’Adawlato, grand marché de Lomé, n’a pas ainsi reçu le mois dernier ses commandes en provenance du Bénin. « Mon associé a préféré attendre ce mois pour tout convoyer si la tension s’apaise », confie-t-il. Il faut dire que le pays a surtout enregistré une diminution des entrées et sorties de camions au port de Lomé qui dessert plusieurs pays de la sous-région, notamment ceux du sahel. Certains gros porteurs ont préféré durant le mois d’octobre se rabattre sur le Bénin.

Croissance revue à la baisse

Le Togo avait déjà perdu par jours près de 136 millions de FCFA pour cause de coupure de connexion internet pendant plus d’une semaine. Pour freiner la dynamique des marches de protestation, les autorités avaient en effet décidé de couper la connexion internet. L’Office Togolais des recettes avait de son côté évalué à plusieurs milliards les manques à gagner pour le pays. Si elle continue, la crise risque de donner un coup à l’économie du pays. Le dernier rapport sur le climat des affaires publié par la Banque Mondiale a même vu le pays régresser de deux places dans le classement mondial. L’institution financière indique que le climat est « moins propice » au Togo. Dans un pays où la dette publique représente « 71,9% du PIB en dehors de la dette sociétés d’État », selon Sani Yaya, ministre de l’Économie et des Finances.

L’avertissement du FMI

Fin octobre, le Fonds monétaire international (FMI) a achevé une mission au Togo dans le cadre de la Facilité élargie de crédit. Le FMI a profité pour exprimer son inquiétude sur les conséquences de la crise politique. Elle a évoqué des risques auxquels le pays pourrait faire face malgré « les perspectives à moyen terme globalement positives ». Le FMI prévoit d’ailleurs une croissance en deçà de 5% pour cette année 2017. Rappelons qu’en début d’année, le Togo a conclu avec le FMI un accord portant sur une Facilité élargie de crédit (FEC) sur trois ans. Près de 238 millions de dollars devront être débloqués en faveur du pays pour lui permettre de maîtriser sa croissance économique et son taux d’endettement.

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