Afrique central Economie Zone CEMAC: enfin, la libre circulation et l’intégration économique Posté il y a 5 novembre 2017 7 min de lecture Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google+ Partager sur Linkedin Kepseu Jean Pierre | Agence Anadolu Sommet de l'Afrique centrale à Yaoundé, Cameroun, le 23 décembre 2016. La récente suppression en cascade des visas au sein de la Communauté des États de l’Afrique centrale s’explique par la volonté des États de renforcer leurs relations de coopération. Depuis 2013 la décision des chefs d’État de la zone de promouvoir une intégration entre leurs pays était restée sans suite. Ce n’est plus le cas désormais. Les pays de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) ont récemment décidé de mettre fin aux visas de séjours pour leurs ressortissants. Leurs décisions s’inscrivent dans la promotion de la libre circulation des biens et des personnes. C’est le Tchad qui a surpris début août en annonçant une suppression de visas pour les ressortissants de la Cemac. Les ressortissants avaient jusqu’à fin juillet besoin d’un visa pour séjourner dans le pays. Pour Hissein Brahim Taha, ministre tchadien des Affaires étrangères, les détenteurs de passeports et de cartes d’identité pourront bénéficier de la mesure. En octobre, la Centrafrique instaure également « la libre — circulation des ressortissants des six États membres de la Cemac ». Son ministre des Affaires étrangères, Charles-Armel Doubane, explique que le pays est prêt à accueillir tous détenteurs d’une pièce d’identité sécurisée en cours de validité, pour des séjours de moins de trois mois. Risque d’insécurité ? Par la suite, les autres pays de la Communauté décident eux aussi de supprimer les visas en conformité à l’accord sur la libre circulation en Afrique centrale signé en 2013. Il s’agit de « concilier la nécessité de libre circulation et l’exigence sécuritaire », ont expliqué de leur côté les autorités gabonaises. En réalité la Guinée Équatoriale et le Gabon avaient résisté à l’accord de libre circulation, craignant d’être « envahis » par de nombreux ressortissants de la zone. Mais les deux pays ont fini par céder. Ce qui facilite désormais la mise en œuvre de l’accord. Cependant, beaucoup craignent que cette décision des pays de la CEMAC augmente les risques d’une insécurité dans la zone. À l’heure où les pays font face à des défis sécuritaires, la suppression des visas pourrait « avoir des effets négatifs », considère un expert. Des voix s’élèvent pour contester cette suppression de visas qui ne rend pas encore effective la libre circulation des personnes et des biens. Malgré la décision des États, il y a encore sur les corridors des postes de péage qui obligent les camionneurs ou les commerçants à dépenser. Une situation que déplorent les usagers des routes de la Communauté. Intégration économique Les autorités en charge des transports routiers comptent veiller au respect de nouvelles directives. « La suppression des visas est déjà un pas vers l’intégration sous-régionale souhaitée », explique-t-on au ministère tchadien des Transports. La suppression des visas devrait aussi permettre aux pays de l’Afrique centrale de renforcer leur coopération économique. Dans ce cadre, fin octobre, le Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale a même décidé de consolider la décision des États de la zone d’ouvrir leur frontière. Concrètement, le Conseil a décidé de consacrer près de 1,7 milliard de FCFA à l’application de la libre circulation dans la CEMAC. Le financement sera prélevé sur le Fonds de développement de la CEMAC (Fodec) et servira au payement des équipements pour la sécurisation des frontières. Cette avancée constatée dans les États devrait être renforcée par la mise en place de passeports biométriques dans les pays de la zone.